Un Chirac n’est pas l’autre
Le ton est donné dès le générique, où une chorale d'église nous informe, avec tout son lyrisme paroissial, que le film est très librement inspiré de la vie de Bernadette Thérèse Marie Chodron de Courcel. Quitte à faire un film sur celle qui est devenue Mme Chirac, autant le faire avec un certain panache, et une bonne dose de dérision.
Drôle de projet, plus proche de la comédie que d’un authentique biopic, Bernadette enchaîne volontiers les gags et les railleries sur le petit monde de l’Elysée, en particulier sur le mari de sa protagoniste. Incarné par Michel Vuillermoz, le président français Jacques Chirac apparaît comme un parfait goujat, d’un machisme et d’un grotesque extraordinaires. On savoure le portrait.
En revanche, le film se montre beaucoup plus clément à l’égard de Bernadette Chirac. La ringardise, le conservatisme et les gaffes de cette dernière n'échappent pas à la réalisatrice Léa Domenach et sa co-scénariste Clémence Dargent, qui lui lancent de temps à autre quelques piques, mais le long-métrage préfère la présenter comme une grande héroïne féministe malgré elle. Mise au ban de la politique par le président, son entourage et leur fille, elle se réinvente après l'élection de son mari, une transformation que Catherine Deneuve incarne avec un plaisir évident, jouant sur sa propre image, entre bourgeoise surannée et glamour assumé.
Si le film argue de façon plutôt convaincante que Bernadette Chirac ne méritait pas d'être moquée et reléguée au second rang, il ne nous convainc pas que sa vie méritait d’être portée à l’écran, surtout de manière aussi favorable. Sage dans sa mise en scène, Bernadette l’est aussi dans son regard sur le monde politique, finalement assez aseptisé. À force d’arrondir les angles pour plaire au plus grand nombre, le film perd tout son mordant et agace par ses excès de prudence.
RÉALISÉ PAR : LÉA DOMENACH
AVEC : CATHERINE DENEUVE, MICHEL VUILLERMOZ, DENIS PODALYDÈS, SARA GIRAUDEAU
PAYS : FRANCE
DURÉE : 92 MINUTES
SORTIE : LE 4 OCTOBRE
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