top of page
Quentin Moyon

Critique : L’été dernier de Catherine Breillat

Vertige de l’amour

© September Film

Gros plans fixes. Champs-contrechamps successifs sur les visages d’Anne (Léa Drucker), avocate spécialisée dans la défense d’enfants victimes de violences, et d’une de ses clientes, mineure, au bord des larmes. La discussion est crue : on parle sexe, alcool, faits.


L’ouverture du film de Catherine Breillat, librement adapté du long-métrage danois Queen of Hearts, est, à la manière d’Anne, sèche, aride. Pourtant, sa simplicité annonce déjà la couleur. Celle de l’incendie, qui brûle violemment, autant la végétation en été, que réduire en cendres une vie. Mais aussi qui brûle comme la passion, le désir. Car le retour de la réalisatrice à la réputation tyrannique, qui a fait des relations ambiguës et abusives une marotte (36 Fillette, À ma sœur), nous plonge dans le luxe et la luxure.

Le luxe c’est celui d'Anne et de son mari Pierre, dirigeant d’une grosse entreprise. Le couple a adopté deux fillettes pour parfaire cette vie de famille sans écueils, confortablement lovée dans une grande maison au jardin verdoyant. Évidemment, ce n’est là qu’une vitrine que l’arrivée de Théo, le fils de Pierre (Samuel Kircher) né d’une première union, vient bientôt ternir. Beau comme un dieu, le jeune homme de 17 ans s’éprend de la femme de son père (à moins que ce ne soit l’inverse), qui cherche, comme Emma Bovary, un remède à l’ennui des après-midis estivales. Rien de nouveau sous le soleil dans cette situation initiale.


Mais Catherine Breillat va plus loin, quittant bientôt la quiétude d’un désir malsain mais partagé, pour nous plonger dans un drame sombre racontant l’anatomie de deux chutes. Une avortée et l’autre irrémédiable. Au centre de tout ? La terrible angoisse de voir son monde s’effondrer. Pour illustrer ces peurs viscérales, Léa Drucker et Samuel Kircher sont impeccables. L’une en matriarche manipulatrice et l’autre en adolescent brisé, qui, au travers des images froides et intimistes de la cheffe opératrice Jeanne Lapoirie, nous laissent avec une gêne immense devant la violence sourde du drame qui se déroule. Poignant.


RÉALISÉ PAR : CATHERINE BREILLAT

AVEC : LÉA DRUCKER, SAMUEL KIRCHER

PAYS : FRANCE

DURÉE : 104 MINUTES

SORTIE : LE 11 OCTOBRE

Коментарі


bottom of page