F1 : Dérapage pour Brad Pitt ?
- Julien Del Percio
- 25 juin
- 2 min de lecture

La course automobile est peut-être un de ses sports les plus cinématographiques qui soit. Sa tension quasi mortifère entre l’adrénaline et le danger, la compétition et le risque, se prête magnifiquement au grand écran. De l'excellent Grand Prix de John Frankenheimer, véritable mètre-étalon du film de course, jusqu'aux récents Rush et Ferrari, les cinéastes n’ont cessé d’appréhender l'état d'esprit de ces fous du volant lancés dans des cercueils mécaniques à 300 km à l’heure…Hélas de cette matière tragique, F1 ne tire qu’une brève scène d’accident, dont la gravité potentielle est rapidement évacuée par le récit.
En soi, ce n’est pas un problème. Le dernier film de Joseph Kosinski revendique une certaine légèreté, celle d’un blockbuster estival sans grande prise de tête. Mais cela n’excuse pas sa platitude narrative et surtout sa désagréable tendance à verser dans l’iconographie publicitaire. Bande-son truffée de hits entraînants, Brad Pitt sapé (et sculpté) comme Apollon, romance glamour à Vegas, longues tirades pontifiantes sur l’importance du pilote dans le véhicule : le projet aligne tous les poncifs du film de sport, et semble déterminé à n’offrir aucune vraie aspérité à ses personnages - à l’exception peut-être de quelques roublardises pour gagner du temps dans les premières courses.
C’est d’autant plus dommage que, lorsque F1 se concentre sur la vitesse, il convainc. En féru de mécanique, Joseph Kosinski, qui avait déjà filmé les avions de Top Gun Maverick et la moto high-tech de Tron l’héritage, s’attache à rendre chaque tour de piste immersif, profitant de nouvelles technologies pour naviguer fluidement à l’intérieur des cockpits. Mais ces quelques fulgurances notables ne parviennent jamais à dissiper la désagréable impression de voir un long spot de 2H40 pour Formule 1.
Réalisé par Joseph Kosinski (2H36 - États-Unis) avec Brad Pitt, Damson Idris, Kerry Condon, Javier Bardem