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Simon Lionnet

Flashback : Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hopper


© Carlotta

1974, année tumultueuse de l’histoire des États-Unis. Frappé par le scandale du Watergate, encore marqué par sa défaite au Vietnam et en plein débâcle du mouvement hippie, le pays est en pleine désillusion. Un ressenti partagé pour le réalisateur de Massacre à la tronçonneuse, Tobe Hopper. Pour son second long-métrage, celui-ci s’enfonce dans la chaleur texane avec un budget dérisoire pour dévoiler sa vision d’une Amérique violente et malhonnête. Ouvrant le film sur un bandeau suggérant que les faits qui seront exposés sont inspirés de faits réels, son film sème la confusion pour mieux préparer à une plongée dans l’horreur la plus étourdissante.


À partir d’une trame somme-toute classique aujourd’hui - un groupe de jeunes isolés, bloqué dans un jeu de massacre - Hooper bouscule avec une approche quasi-documentaire au réalisme cru. De son absence de musique (conséquence finalement heureuse de restrictions budgétaires) à sa photographie granuleuse et jaunâtre en passant par ses plans larges d’un Texas faisant office de personnage à part entière, Massacre à la tronçonneuse oppresse. Soutenue par un montage dynamique entrecoupé d’inserts sur chaque détail (ossements, crasse et autres cadavres en décomposition), l'œuvre d’Hooper parviendrait presque à faire sentir la puanteur des lieux.


Plus que son atmosphère poisseuse, c’est dans le traitement de ses personnages que le film perturbe et marque. Piégé par la carrure démesurée de Leatherface, son tueur emblématique, et de sa famille de dégénérés effrayants de folie et de sadisme, son groupe d’adolescents ne se voit plus réduit qu’à son expression la plus instinctive: la terreur, bruyante, hystérique et renforcée par des plans toujours plus rapproché sur les visages. Une certaine vision de l’enfer qui demeure encore, presque 50 ans après sa sortie, une expérience traumatisante pour le spectateur.


Réédité dans une édition vidéo prestige par Carlotta, le film est également disponible en VOD sur La Cinetek.


RÉALISÉ PAR : TOBE HOPPER

AVEC : MARILYN BURNS, ALLEN DANZIGER, PAUL A. PARTAIN

PAYS : ÉTAS-UNIS

DURÉE : 83 MINUTES

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