Le film ressort en Belgique dans une version restaurée le 28 août.
Des parents qui se séparent et une petite fille qui vit mal la situation… Le synopsis de Moving, du réalisateur japonais Shinji Sōmai, ne pourrait être plus classique. Pourtant, à sa sortie, le long-métrage avait marqué par son ton et sa capacité de filmer à hauteur d’enfant.
L’héroïne c’est Renko (Tomoko Tabata) onze ans, à la fois rêveuse et perspicace, parfois trop mature et parfois totalement enfantine. Son point de vue donne au film un décalage, une étrangeté bondissante qui s’ébroue contre le monde terne et hypocrite des adultes. Les scènes se succèdent et peu à peu Renko se rebelle, causant des catastrophes de plus en plus graves. Elle ne comprend pas pourquoi son monde a explosé et ne supporte pas l’injustice de la situation. La cinématographie épouse cette perte de repère en introduisant d’abord des éléments symboliques dans un paysage très naturaliste, puis en multipliant les rencontres fortuites et incongrues, pour finir par plonger frontalement dans l’onirisme. La mise en scène, très composée, est toute au service des regards, qui cherchent, épient ou se perdent dans des souvenirs..
Sōmai raconte le deuil de l’innocence et n’est pas tendre avec la société japonaise et ses personnages adultes. Le père de Renko (Kiichi Nakai), présenté comme sympathique et fantasque, se révèle violent. Sa mère (Junko Sakurada), gagne son indépendance et essaie de s’épanouir, mais n’arrive pas à comprendre les besoins de sa fille. Si on n’échappe pas à une écriture parfois très masculine et ancrée dans son époque, on comprend pourquoi le long-métrage, frais et déchirant, est considéré comme un classique au Japon. Les larmes sont dures à retenir face aux tourments de la jeune Renko.
RÉALISÉ PAR : SHINJI SOMAI
AVEC : TOMOKO TABATA, KIICHI NAKAI, JUNKO SAKURADA
PAYS : JAPON
DURÉE : 124 MINUTES