The Last showgirl : l'art du come-back
- Laïss Barkouk
- 15 avr.
- 2 min de lecture

C’est sur le visage de Pamela Anderson, vision plaisante d'un lointain souvenir qu'on a plaisir à se repasser, que s’ouvre le troisième long-métrage de Gia Coppola. Dans un rôle taillé pour elle, l'actrice interprète Shelley, une danseuse de Las Vegas qui voit sa vie s'écrouler lorsque le « Razzle Dazzle », cabaret duquel elle est la star depuis plus de 30 ans vit ses derniers shows. Mais les heures de gloire sont déjà loin et Shelley peine à tourner la page.
Après Palo Alto (2013) et Mainstream (2020) , Gia Coppola (nièce de Sofia, petite-fille de Francis Ford) poursuit sa mise en lumière des paradoxes de la société moderne américaine. Dans The Last Showgirl, sa caméra se fait à la fois le miroir grossissant d'un monde d'avant désabusé et le miroir compatissant pour la star en déclin qui l’incarne. Gros plans, contre-jours et rythme saccadé : la réalisatrice filme les jeux de mouvements et de lumière jusqu'à nous en faire oublier le fil rouge de son film. Dans les loges du spectacle ou en coulisses : les strass, les plumes et les paillettes font partie du huis clos et rendent le Las Vegas de The Last Showgirl invitant.

Comme souvent au cinéma, la ville suprême du pêché est ici l'antre de losers magnifiques. Parmi eux, Annette (Jamie Lee Curtis), ex-danseuse du show reconvertie en serveuse de casino. Sexagénaire sexy et extravertie, elle forme avec Shelley un duo qui casse les codes de la représentation des corps féminins vieillissants. Jamie Lee Curtis nous offre par ailleurs l'une des belles scènes : une danse lancinante sur un podium dans l'indifférence totale de ses clients, sur la voix de Bonnie Tyler. Dave Bautista, qu'on a surtout vu jusqu'ici dans de grosses productions hollywoodiennes, se révèle touchant dans ce rôle à contrepied de régisseur au grand cœur. Bien plus convainquant que le personnage de la jeune Hannah, fille désavouée de Shelley, endossé par l’actrice Billie Lourd.
Malgré quelques faiblesses scénaristiques, The Last Showgirl dresse plusieurs portraits et les fait dialoguer avec harmonie. Parmi eux : celui d'une icône féministe et activiste à qui Gia Copolla rend ses lettres de noblesse (Pamela Anderson), celui d'une icône fictive, devenue trop vite has been à son goût (Shelley) et celui d'une société américaine coincée entre ces deux figures. The Last Showgirl n'est pas un film révolutionnaire, mais esthétise la nostalgie avec tendresse et panache.
Réalisé par Gia Coppola (États-Unis, 89 minutes) avec Pamela Anderson, Jamie Lee Curtis, Dave Bautista