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Photo du rédacteurLouis Leconte

Critique : Les Trois Mousquetaires : Milady de Martin Bourboulon


© Pathé Films

Martin Bourboulon revient avec le second volet de son adaptation du célèbre roman d’Alexandre Dumas, seulement huit mois après la sortie du premier opus. Forts d’un casting cinq étoiles (François Civil, Vincent Cassel, Eva Green, Romain Duris, Pio Marmaï…) et d’un matériau romanesque culte, ces deux films sont en première ligne de la stratégie de « reconquête » du cinéma français entamée par la boîte de production française Pathé. L’entreprise au coq mise désormais sur le cinéma à grand spectacle à la française et se donne les moyens de ses ambitions : pour les deux volets de son adaptation de Dumas, Bourboulon a bénéficié d’un budget avoisinant les septante millions d’euros. Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu, l’autre figure de proue de ces nouveaux blockbusters à la française sorti en 2023, a quant à lui coûté environ soixante-six millions d’euros, soit l’un des budgets les plus élevés de l’histoire de la production hexagonale pour un seul film.


Dans les deux cas, Pathé fait le pari que le casting XXL, les références culturelles archiconnues et la débauche de moyens suffiront à attirer le public. Cette stratégie semble fonctionner si l’on regarde le nombre d’entrées en salles pour les deux films : 3,3 millions pour le premier épisode des aventures de D’Artagnan, et 4,6 millions pour celles d’Astérix. Ces chiffres des entrées sont toutefois à relativiser puisqu’ils ne suffisent pas à rentabiliser les films à eux seuls, leurs budgets étant trop importants. Mais ce qui compte au-delà de toute considération industrielle c’est de savoir si la stratégie de Pathé représente, oui ou non, une bonne nouvelle pour le cinéma ? En ce qui concerne le Astérix version Canet, la critique et une partie du public se sont accordés pour dire que non. Quant aux Trois Mousquetaires, on attendait la sortie du second volet pour juger du projet dans sa globalité. Verdict ? Milady ne sauve pas D’Artagnan.


Les Trois Mousquetaires : Milady souffre d’abord d’un problème d’écriture. Le film reprend les enjeux narratifs là où le premier chapitre les avait laissés : dans la France du XVIIème, le roi Louis XIII (interprété par un Louis Garrel joyeusement cabotin) est menacé par plusieurs complots visant à le destituer. Républicains, Britanniques, et autres traîtres nichés au sein même de la cour du roi tentent de s’emparer de son pouvoir, mais ce dernier peut heureusement compter sur la dévotion de ses fidèles mousquetaires pour le protéger. En parallèle, Milady tente de sauver sa peau pendant que Constance, captive, mène une vie de château. Le film s’empêtre malheureusement dans ces multiples intrigues narratives qui n’ont pas le temps de se déployer, et il ne parvient pas à faire suffisamment exister ses personnages.


© Pathé Films

Là où le premier volet se concentrait essentiellement sur le personnage de D’Artagnan, Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte, les scénaristes du film, tentent ici de donner un peu de substances aux autres mousquetaires - en vain, leurs arcs narratifs propres semblent artificiels et ne s’intègrent jamais dans le squelette du récit de façon organique. Seul point positif, la dynamique interne au groupe des quatre mousquetaires s’étoffe un peu, mais cela ne suffit pas. Plus généralement, le film court constamment après le temps et finit par expédier la plupart de ses séquences. Résultat : les enjeux narratifs ne suscitent aucun intérêt - on se dit que le format sériel aurait peut-être mieux convenu au projet.


Les deux volets ayant été tournés simultanément, il n’est pas étonnant de retrouver dans ce Milady les mêmes défauts de mise en scène dont souffrait déjà D’Artagnan. Les scènes d’action filmées en plan-séquence au plus près des personnages manquent toujours de lisibilité et pâtissent d’un réel manque de panache. La séquence de la prise du fort au cœur du film fait à ce titre figure d’exemple. L’écriture n’ayant pas fait monter la tension en amont pour les raisons évoquées plus haut, la bataille entre les mousquetaires et les Républicains, pièce maîtresse de l’action du film, tombe définitivement à plat à cause de la mise en scène qui, avec trop peu de figurants et une caméra bridée, ne produit pas le souffle épique attendu. On se demande parfois où est passé le budget.


Ce n’est donc pas avec Les Trois Mousquetaires que Pathé va sauver le cinéma français (mais ce dernier est-il vraiment en danger ?). Pourtant, ce second volet est, comme le premier, susceptible de marcher en salles et d’engranger des bénéfices. Le film s’est d’ailleurs ménagé une scène finale qui annonce une possible suite ou un spin-off - Pathé semble avoir bien intégré la logique d’univers étendu qui fait florès outre-Atlantique et ne manquera certainement pas de capitaliser sur cette nouvelle franchise tant que faire se peut. Pour le meilleur, peut-être, mais sans doute pour le pire.



RÉALISÉ PAR : MARTIN BOURBOULON

AVEC : FRANÇOIS CIVIL, EVA GREEN, VINCENT CASSEL, PIO MARMAÏ, ROMAIN DURIS, LOUIS GARREL, LYNA KHOUDRI, VICKY KRIEPS

PAYS : FRANCE

DURÉE : 115 MINUTES

SORTIE : LE 13 DÉCEMBRE



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