My Sunshine : un coming of age au fil des saisons
- Katia Peignois
- il y a 7 heures
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La grâce et la tendresse ne sont pas des termes qu’on associe nécessairement et spontanément aux récits d’entraînements sportifs. Or, My Sunshine de Hiroshi Okuyama aborde l’apprentissage par le spectre de la douceur et d’une esthétique onirique en jeu de focales et suréclairage qui réchauffe le cœur. Chez Hiroshi Okuyama, jeune cinéaste de 29 ans qui endosse la quadruple casquette de scénariste, réalisateur, directeur de la photographie et monteur, le passage de l’enfance vers l’adolescence se calque sur le cycle des saisons.
Sur l’île japonaise d’Hokkaido, l’apparition des premiers flocons de neige change immédiatement le décor et l’ordre des choses. Pour les garçons, le hockey sur glace remplace le baseball. Suite à une blessure à la poitrine, le timide Takuya (Keitatsu Koshiyama) se passionne pour Sakura (Kiara Nakanishi), une adolescente qui répète des enchaînements de patinage artistique. Touché par la maladresse de Takuya, Arakawa (Sōsuke Ikematsu), le coach et ancien champion de patinage, décide d’entraîner Takuya et Sakura en duo. Se noue alors une complicité entre ces trois personnes dont les solitudes s’apprivoisent pour un temps — notamment au cours d’une belle scène de danse sur un lac gelé —, avant que les discriminations qui rongent les mentalités ne les rattrapent. À cet égard, le surcadrage récurrent, via des portes et tous types de vitres, traduit parfaitement le cloisonnement et l’incompréhension que la société érige entre les individus.

De la même manière qu’il adoucit le film de sport, Hiroshi Okuyama traite l’homophobie comme une injustice presque polie. La victime, résignée, subit le rejet et s’éclipse à l’instar de l’hiver au profit du printemps. Si cette représentation déroute autant qu’elle interroge, elle a le mérite de faire ressortir la cruauté tapie derrière les conventions, et elle incarne la face contraire, car non emphatique, du bouleversant Monster de Hirokazu Kore-eda.
Réalisé par Hiroshi Okuyama (Japon/France, 90 minutes) avec Sōsuke Ikematsu, Keitatsu Koshiyama et Kiara Nakanishi