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Critique de A Real pain, une réflexion sur la douleur et la mémoire

Raissa Alingabo Yowali M'bilo
A Real pain, de Jesse Eisenberg
© Searchlight Pictures

Malgré un titre assez évocateur, A Real Pain m’avait tout l’air d’une comédie haute en couleurs. Le duo à l’affiche lui conférait une sorte d’aura clownesque au film, avec ces deux cousins dissemblables en tous points, dont un Kieran Culkin ingérable, qui entreprennent un voyage ensemble. Mais le second long-métrage en tant que réalisateur, Jesse Eisenberg (When you finish saving the world), tient parfaitement la route grâce à son dosage de tendresse et de gravité, émaillé d’humour.


Le film est engageant dès les premières scènes, notamment par ses couleurs, et la lumière abondante qui inonde l’écran. Kieran Culkin y est pour beaucoup aussi : il prête ses traits à Benji, un étasunien a priori décomplexé et sans filtre, qui semble parfaitement jouir de l’existence en faisant fi des règles. À l’inverse, son cousin David - interprété par Jesse Eisenberg - est plus réservé voire rigide. Malgré tout, on les découvre dès le départ, complices et soucieux l’un de l’autre. Leur grand-mère juive et survivante de l’Holocauste, vient de décéder et les deux hommes décident d’aller visiter la Pologne, sur les traces de leur histoire familiale, suivant un parcours touristique autour de la Shoah.

A Real pain, de Jesse Eisenberg
© Searchlight Pictures

À travers leur récit, A Real Pain aborde la question de la mémoire et plus particulièrement des traumatismes transgénérationnels, de la peine dont on hérite. Sous les dehors légers d’un homme aussi atypique que généreux, Benji porte en lui une douleur diffuse qui ne lui appartient pas totalement. J’ai été touchée par la névrose de ce personnage perdu et dépressif qui tente d’échapper à sa douleur sans réellement y parvenir. Si, à l’instar du reste de l’Europe, la Pologne a changé et s’est reconstruite depuis la Seconde Guerre mondiale, l’horreur du génocide a continué de marquer la communauté juive et son identité. En évoquant la Shoah mais aussi le génocide de 1994 au Rwanda, A Real Pain m’a inévitablement poussée à faire le parallèle avec l’actualité et les autres crimes de masse qui se déroulent aujourd’hui, comme en Palestine. Selon moi, le film pourra trouver une résonance chez tout un chacun, à des degrés divers : il est d’une triste et puissante universalité.



Réalisé par Jesse Eisenberg (États-Unis, 90 minutes) avec Kieran Culkin, Jesse Eisenberg, Will Sharpe, Jennifer Grey. 



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