
Bête de scène, c’est très littéralement ce que devient la superstar Robbie Williams dans ce biopic musical. Better Man sonne tantôt comme un hommage frôlant avec l’Évangile selon Williams, tantôt comme un drame musico-familial aux numéros musicaux puissamment mis en scène et lourds de sens.
“Rob me disait souvent : je me sens comme un singe savant sur scène”, confiait le réalisateur Michael Gracey à la BBC, “l’idée est partie de là.” Cette idée, prise à la lettre puisque Williams est incarné par un chimpanzé numérique façon La Planète des Singes, nourrit aussi bien l’esthétique que les thèmes du film, permettant des envolées visuelles et musicales dont Gracey semble avoir le secret. Car le cinéaste reprend ici les codes qui ont fait le succès de The Greatest Showman sept ans plus tôt : des numéros musicaux à la fois intimes et démesurés, pour mettre en lumière la carrière d’un artiste qui l’est tout autant.

Better Man emmène ainsi son public sur les traces du jeune Robert, sale gamin anglais né d’une famille pauvre où sa mère et sa grand-mère constituent les seuls réconforts face à un père absent, obsédé par ses propres rêves de grandeur. De là naîtra un jeune homme pétri d’idéaux de dépassement de soi à tout prix, jusqu’à ce que ce succès si convoité lui coûte absolument tout.
“Ce qui compte, ce n’est pas d’aimer ce que l’on fait, c’est que les gens aiment vous voir le faire”, assène ainsi le père Williams. L’une des nombreuses maximes qui parcourent la mise en images de cette ascension fulgurante, coming-of-age brutal, aux nombreux soubresauts tragiques. Davantage tragicomédie musicale que biopic classique, Better Man surprend plus d’une fois tant par sa douceur que par sa violence. Et Williams de conclure : “on m’a toujours dit que la gloire résoudrait tous mes problèmes. Tout ce que je voulais, c’était éviter coûte que coûte d’être un inconnu.” Mission accomplie, mais à quel prix ?
Réalisé par Michael Gracey (Australie/Chine/France/Royaume-Uni/États-Unis, 135 minutes ) avec Robbie Williams, Jonno Davies, Steve Pemberton, Alison Steadman.