Il n’est pas facile de résister à ce drame romantique, qui met du sien pour nous émouvoir. Cinq minutes ne sont même pas écoulées qu’on a pu entendre les mots “cancer”, “récidive” et “chimiothérapie”. Mais là où tant de films du genre s'enfoncent de plus en plus dans la tragédie de leurs personnages, L’Amour au Présent fonctionne par alternance, passant du rire aux larmes, et inversement. Racontant dans le désordre la relation d’Almut, chef acclamée, et Tobias, compagnon dévoué, le film joue adroitement avec sa structure non-linéaire, qui nous donne tantôt le cœur lourd, tantôt le cœur léger, pour mieux souligner l’importance de vivre “au présent”.
Si le chantage émotionnel du film fonctionne, c’est en grande partie grâce à ses acteur·ices, qui rendent presque immédiatement attachant·es leur personnage, tout comme leur couple. Terriblement à l’aise dans leur rôle respectif, Andrew Garfield (et son intensité maladroite) et Florence Pugh (et sa détermination assumée), font des étincelles ensemble et parviennent, c’est assez rare pour être souligné, à être drôles dans cette romance tragique. Il semble évident dès leur première interaction à l’écran que leurs personnages ont un profond désir d’être ensemble. On a envie d’y croire.
Ce qui ne signifie pas forcément qu’on y croit. À leur corps défendant, Garfield et Pugh, incarnent des idéaux, un couple un peu trop parfait pour être complètement convaincant. Leurs défauts et la tragédie de leur histoire ne contrebalancent jamais totalement la sensation que ces deux-là sont… trop mignons pour être vrais. Le scénario du dramaturge britannique Nick Payne, mis en scène avec une certaine élégance par John Crowley (Brooklyn), est chargé de moments merveilleusement écrits, et de scènes trop familières. Incarné mais parfois artificiel, sensuel mais volontiers sirupeux, L’Amour au Présent ne réinvente pas tout à fait son genre, mais réussit néanmoins à toucher une corde sensible.
Réalisé par John Crowley (Royaume-Uni, 108 minutes) avec Andrew Garfield, Florence Pugh, Grace Delaney.