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Elli Mastorou

Critique de Tiger Stripes

Un récit émancipateur entre humour et horreur

Tiger Stripes commence par une vidéo Tiktok filmée sur un téléphone portable. Pow ! Bang ! La musique pop fuse tandis que Zaffan, 12 ans, entame une chorégraphie, filmée par ses copines dans les toilettes des filles. Les couleurs fluo du titre surgissent comme des griffes sur l’écran, et le ton est donné : bienvenue en Malaisie, dans une communauté rurale où les jeunes filles sages dévoilent leurs envies de légèreté (et bretelles de soutien-gorge) derrière les portes fermées. 


Mais la légèreté disparaît quand Zaffan réalise que son corps est en proie à d’étranges changements. Démangeaisons, saignements, ongles qui tombent, sensations décuplées… Aux prises avec son corps en mue, la jeune fille est ostracisée par ses camarades de classe, tandis qu’une force mystérieuse semble rôder dans l’école et provoquer des réactions étranges parmi les élèves. Face aux professeurs, médecins et autres adultes austères qui tentent de la mettre en cage, Zaffan laissera éclater sa vraie nature… rebelle, rageuse et libératrice. 


De Carrie et sa vengeance ensanglantée aux corps féminins mutants de Julia Ducournau (Grave) en passant par le récent Règne Animal de Thomas Cailley, le cinéma a souvent utilisé des éléments fantastiques pour aborder la puberté. Un procédé qu’Amanda Nell Eu reprend à sa sauce pour son premier long-métrage, récompensé à la Semaine de la Critique du dernier Festival de à Cannes, en y infusant des références aux contes et légendes du Sud-Est asiatique où elle a grandi. Tiger Stripes revisite ainsi la figure du monstre avec empathie, déconstruisant les stéréotypes patriarcaux qu’elle peut véhiculer, à travers un récit émancipateur où l’humour côtoie l’horreur. La mise en scène accompagne la transformation de Zaffan, avec un travail minutieux sur la lumière et le son, ainsi que les éléments de nature qui envahissent l’image. Si le film s’essouffle dans sa deuxième partie, certaines répétitions faisant baisser la tension, le résultat, empruntant des chemins connus pour proposer un nouveau regard, s’avère hautement réjouissant. 



SORTIE : 24 AVRIL

RÉALISÉ PAR : AMANDA NELL EU

AVEC : ZAFREEN ZAIRIZAL, DEENA EZRAL

PAYS : MALAISIE

DURÉE : 95 MINUTES


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