Eddington : Pedro Pascal et Joaquin Phoenix dans un cauchemar américain
- Stanislas Ide
- 14 juil.
- 2 min de lecture

Comment vivre ensemble quand plus personne ne s’écoute ? C’est la question que personne ne se pose dans la ville d’Eddington, un trou paumé du Nouveau-Mexique où s’affrontent un shérif populiste (Joaquin Phoenix) et un maire aux dents longues (Pedro Pascal). En cause, un désaccord profond sur la gestion de la pandémie de Covid-19, suivi d’un débordement militant en écho au meurtre de George Floyd. À moins qu’une banale histoire de coucherie ne soit la vraie raison de leur guerre d’ego ?
Après l’encensement de ses deux premiers films (Hereditary et Midsommar), Ari Aster s’était pris les pieds dans le tapis avec son troisième (Beau is Afraid), une traque psychanalytique remplie de morceaux de bravoure mais totalement indigeste. Si Eddington confirme le talent d'Aster pour monter une scène en épingle avec sa caméra, l'approche chorale de la narration rend la poudre aux yeux trop apparente cette fois-ci. Le maelström de nervosité et de théories complotistes évoque Gregg Araki mais sans envolée poétique à la clef. Le casting quatre étoiles nous sert quant à lui de longs dialogues à la Tarantino mais sans sa force de frappe, Emma Stone en faisant particulièrement les frais dans un rôle inutilement gonflé. Les scènes de foule sont bien maîtrisées, mais même une chasse à l’homme au croisement du western et du jeu vidéo tombe à plat par excès d’artificialité.

Sans compas moral et avec l’air du temps comme cible facile, le film renvoie finalement à la série animée South Park. De fait, la ville d’Eddington voit son spectre politique entier péter une pile, à gauche comme à droite, avec une mention spéciale pour la jeune militante antiraciste blonde, l’atout comique du film. Sur papier, pourquoi pas ? Encore faudrait-il qu’Ari Aster arrête de regarder le nombril de sa caméra pour que la satire fonctionne. À moins que notre actualité polarisée ne soit trop proche de la farce, longue de près de deux heures et demie, pour qu’on en rie ?
Réalisé par Ari Aster (États-Unis - 148 minutes) avec Pedro Pascal, Joaquin Phoenix, Emma Stone