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L’homme qui rétrécit : Jean Dujardin face à l’infiniment petit

Jean Dujardin minuscule, araignées gigantesques, une cave qui devient jungle : Jan Kounen mêle aventure, fantastique et méditation sur notre place dans le monde, avec un film à la fois ludique et philosophique.


© Belga Films
© Belga Films

Dix-huit ans après 99 francs (2007), Jan Kounen retrouve Jean Dujardin pour une œuvre fantastique qui interroge notre perception et compréhension du monde. Le film s’ouvre d’ailleurs sur une citation de l’écrivain Richard Matheson : « Il y a des lois dans l’univers qu’on ne comprend pas encore ». Un avertissement clair : ce que l’on va voir défie toute logique. Rapidement, Paul (Jean Dujardin) un père de famille qui a tout réussi, commence à rétrécir sans raison apparente. Les médecins, déconcertés, sont incapables d’apporter la moindre explication, et le public se retrouve plongé dans un mystère complet, qui ne sera volontairement jamais éclairci.


Mais le récit bascule ensuite dans un ton encore plus dramatique lorsque Paul se retrouve coincé dans la cave de sa maison, invisible aux yeux de sa femme et de sa fille. Son quotidien devient alors un véritable terrain de survie : chaque objet, chaque recoin se change en obstacle, une araignée en menace (arachnophobes s’abstenir), et trouver de la nourriture relève de l’exploit. C’est là que le film prend une autre dimension : Jan Kounen transforme l’espace familier en un univers hostile, explorant la manière dont l’homme s’adapte à un monde devenu étranger. L’expérience est sensorielle et physique, mais aussi philosophique : le film questionne notre place dans l’univers et notre rapport à ce que nous croyons connaître.


© Belga Films
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Le film captive également par sa technique : on remarque un gros travail sur les effets spéciaux et la perspective, que ce soit quand Paul rétrécit ou quand il s’adresse à des personnes plus grandes que lui, tout contribue à un effet de découverte plutôt ludique. Cependant, le cinéaste décide d’ajouter la voix-off de Paul explicitant ses réflexions. Un choix qui alourdi le rythme et dilue un tantinet l’immersion, sans gâcher complètement l’expérience.


Malgré ce petit déséquilibre, Jan Kounen réussit à mélanger aventure, fantastique et réflexion avec une certaine fluidité. On regrette toutefois une fin un peu expédiée, comme si le cinéaste n’avait pas trouvé de réponse à son propre film. Mais L’Homme qui rétrécit reste une œuvre la fois stimulante et divertissante, où l’extraordinaire côtoie l’intime assez subtilement. Et rien que pour cela, c’est déjà une belle prouesse.



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