top of page

La Pie Voleuse : un film malicieux et humaniste

© Agat Films
© Agat Films

Un soir lors d’un cambriolage, une canalisation cède et La Pie Voleuse, un magasin d’instruments de musique, est inondée. Parmi les documents qui prennent l’eau, un chèque de caution pour une location de piano au nom de Mr Moreau. En vrai, c’est Maria, l’auxiliaire de vie de Mr Moreau, qui l’a signé, afin que son petit-fils s’entraîne pour le concours. Une série de quiproquos va mener à la découverte de cette supercherie, que légalement on appellerait « abus de faiblesse ». Mais derrière les faits, il y a une histoire… que Robert Guédiguian va nous raconter dans La Pie voleuse, un titre à prendre tant au sens propre qu’au figuré. 


Revenant à L’Estaque, le quartier ouvrier de Marseille où il est né et a tourné la plupart de ses films, le cinéaste y tisse comme souvent une chronique où plusieurs existences sont liées, et dont les lieux de vie et le métier racontent la classe sociale. Il y a Maria, son mari Bruno, sa fille Jennifer, caissière mariée à Kévin, et leur fils Nicolas. Il y a Laurent, le fils de Mr Moreau, et sa femme Audrey, qui sont agents immobiliers. Ce petit monde est campé par son fidèle casting d’habitués, avec en tête sa partenaire Ariane Ascaride.

La Pie Voleuse, de Robert Guédigain
© Agat Films

Qu’est-ce qui mène les gens à voler ? On peut vivre « sans piscine, sans piano, sans champagne » pendant qu’il coule à flots chez d’autres… Pour Maria c’est « de la torture ». Alors elle s’autorise des petits bonus, comme pour compenser ses heures sup’ non comptées. Du beurre dans les épinards pris chez ceux à qui le beurre ne manque pas. Pourtant, Maria aime les gens dont elle s’occupe et ils le lui rendent bien. Jamais manichéen, le cinéaste montre qu’au fond, tout le monde triche un peu dans la vie - mais pas pour les mêmes raisons. 


Le scénario s’accommode parfois de situations cocasses qui font perdre au récit sa crédibilité (comme la scène intense entre Jennifer et Laurent dans l’agence immobilière). Mais on retient surtout l’humanité et la solidarité qui infusent ce récit choral baignant sous le soleil de la Méditerranée. Comme souvent chez Guédiguian, le sourire malicieux d’Ascaride illumine le film jusqu’au dernier plan. 



Réalisé par Robert Guédiguian (France, 100 minutes) avec Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan



bottom of page