Cannes 2025 : Die my love, la déception avec Jennifer Lawrence et Robert Pattinson
- Katia Peignois
- il y a 20 heures
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Grande habituée du Festival de Cannes, Lynne Ramsay est de retour en Compétition avec Die, My Love, l'adaptation du roman homonyme de l'écrivaine argentine Ariana Harwicz, dans laquelle une jeune mère se débat avec la dépression post-partum et ses démons intérieurs. En 2017, lors de son dernier passage sur la Croisette avec You Were Never Really Here, la réalisatrice écossaise était repartie avec un Prix du scénario. Même si son nouveau long-métrage, sans compromis, divise la presse et les festivaliers, il pourrait pourtant lui aussi s'attirer les faveurs du jury.
Grace (Jennifer Lawrence), une écrivaine, et Jackson (Robert Pattinson), un ouvrier, s'aiment passionnément. De retour dans la vieille maison de l'oncle de Jackson, en pleine Amérique rurale, le couple danse, chante et "baise comme des lapins" jusqu'à l'arrivée de leur premier enfant qui va faire vaciller Grace. Isolée et délaissée sexuellement par son compagnon, Grace n'écrit plus et perd pied.

Personne ne s'étonnera que la cinéaste de We need to talk about Kevin ait été attirée par ce récit de mère en détresse face à un homme au mieux inutile, au pire irresponsable dans son aveuglement et sa lâcheté. Là où le bât blesse, c'est que Die, My Love fonce tête baissée dans le symbolisme et les effets tonitruants pour tenter de combler le vide de son écriture.
L'isolement géographique de Grace, qui ne connait personne dans la bourgade de Jackson, et l'incompréhension qui entoure la dépression post-partum et les maladies mentales pourraient être le terreau d'une déflagration émotionnelle, si seulement Lynne Ramsay ne conditionnait pas la névrose de Grace à un maxi best-of de "la folie" au cinéma : la protagoniste hurle, rampe, grimace, massacre sa salle de bain, arrache la tapisserie avec ses ongles, balance un coup de boule dans un miroir, se jette à travers une fenêtre, se désape devant des gosses... Aucun cliché ne nous est épargné. Poussée par les outrances de la réalisatrice, Jennifer Lawrence se met dans tous ses états. Impossible de lui reprocher son investissement, mais nous n'avons pas réussi à voir dans sa performance autre chose qu'un exercice démonstratif. Difficile également de croire en la passion des personnages et leurs conflits, tant ils sonnent faux. Tout ce qui concerne le traitement du mystérieux inconnu interprété par Lakeith Stanfield et les fantasmes que Grace transposent sur lui cristallisent, les limites du geste de Die, My Love.
Rien à sauver donc ? Si, une belle-mère (sous les traits de la trop rare Sissy Spacek) qui incarne une clairvoyance et une empathie émouvantes. Même si cette dernière mise sur l'enfant de Grace et de son fils pour déjouer une malédiction familiale et sa propre solitude, elle reconnaît, par effet miroir et de solidarité, le mal-être de Grace et l'accueille sans jugement. Quand elle erre dans la nuit américaine brumeuse, onirique et inquiétante, comme un hommage à Lilian Gish dans La Nuit du chasseur (1955) de Charles Laughton, Die, My Love effleure une beauté angoissante qu'on aurait aimé ressentir plus souvent dans le film.
Réalisé par : Lynne Ramsay
Avec Jennifer Lawrence, Robert Pattinson, Sissy Spacek, Lakeith Stanfield et Nick Nolte
Canada
En Compétition officielle