La Mer au loin : un mélodrame poignant sur l'exil
- Julien Del Percio
- il y a 1 heure
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La Mer au loin. Un titre évocateur et énigmatique, qui interpelle d’emblée. Mais de quelle mer parle-t-on, au juste ? Celle que Nour a bravée clandestinement, à l’aube des années 90, lorsqu’il a quitté le Maroc pour la France ? Celle qui s’étend quelque part devant lui, à l’horizon, où flotte l’hypothèse d’un retour triomphant au pays ? Dans tous les cas, “La mer au loin”, c’est l’idée du voyage, de la traversée, et par extension, du sentiment d’exil, celui qui hante et qui s’enracine au cœur de l’identité.
La trajectoire de Nour prend la forme d’une vaste chronique romanesque, où les rencontres et les portraits se succèdent, interrogeant successivement les notions d’appartenance, de sexualité, d’émancipation et d’assimilation. Un programme parfois trop exhaustif dans sa dimension sociologique mais régulièrement magnifié par le regard du réalisateur Saïd Hamich, dont l’écriture ne réduit jamais ses portraits à des clichés et s’emploie toujours à en extraire les paradoxes et les vérités.

L’ensemble baigne dans une atmosphère cotonneuse et nostalgique profondément ancrée dans les années 90. Les vestes en jeans et les lourds pulls en laine très caractéristiques jouent beaucoup, mais c’est surtout la musique raï qui donne son souffle au film. Ponctuant le récit, les scènes de danse dans les quartiers interlopes de Marseille apparaissent comme les rares moments d’osmose pour Nour, ceux où toutes les cloisons culturelles s’évaporent enfin au profit d’une euphorie collective. C’est d’ailleurs une scène de danse qui conclut le film : sans réponse définitive face au dilemme identitaire qui le ronge, Nour se résigne et rejoint la valse, acceptant l’incertitude comme seule promesse d’avenir.
Réalisé par Saïd Hamich (Belgique, France, Maroc / 117 minutes) avec Ayoub Gretaa, Anna Mouglalis, Grégoire Colin.