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Critique : Making Of de Cédric Kahn

Meta-morphose

© Distri7

Ils sont nombreux les cinéastes à s’essayer au genre du métacinéma, ces œuvres, conscientes d’elles-mêmes, qui nous révèlent les coulisses d’un tournage. Le nouveau film de Cédric Kahn, quelques mois après son précédent, Le Procès Goldman, s’inscrit dans cette mouvance en la poussant encore plus loin.


Sans aucune forme de préavis, Making of nous invite dans la fabrication du dernier film de Simon (Denis Podalydès), réalisateur vétéran et engagé qui nous conte le combat d’ouvriers pour sauver leur usine. Un tournage qui, en manque de fonds, prend l’eau et voit bientôt les techniciens et autres acteurs s’écharper. Alors s'entremêlent, s’interposent, s’imprègnent, se délient, voix, relations, histoires fictionnelles et réelles, passionnelles et conflictuelles. Un melting-pot de connexions humaines qui seront documentées par la caméra officieuse du tournage : celle du making-of. 


Devant la caméra du cinéaste (mais lequel ?) le monde du cinéma se fait sombre, rongé par les égos. Plus réel aussi, l’économie et la banalité du quotidien salissant ce fantasme de tapis rouge et de paillettes propre au septième art. Mais loin de n’être qu’ombre, ce film d’une rare intelligence, se fait aussi lumière. Habité par l’humour et l’autodérision d’un Alain (Jonathan Cohen), par l’amour et l’affection d’un Joseph (Stefan Crepon) et d’une Nadia (Souheila Yacoub). Les personnages qui nous sont présentés se meta-morphosent, apprennent au contact de l’autre, nous rappelant par-là que le cinéma est collectif, horizontal - les personnages ne sont d’ailleurs dotés que d’un unique prénom - et qu’aucun film ne peut se faire seul. Inspiré de sa propre carrière, devant et derrière la caméra, Cédric Kahn filme des histoires au pluriel, et des rêves de gloire, d’amour, de simplicité. Car comme le disait Henri Langlois, directeur de la Cinémathèque française, “c'est le rêve qui s'exprime à travers le cinéma.


RÉALISÉ PAR : CÉDRIC KAHN

AVEC : DENIS PODALYDÈS, EMMANUELLE BERCOT, JONATHAN COHEN, STEFAN CREPON

PAYS : FRANCE

DURÉE : 112 MINUTES

SORTIE : LE 10 JANVIER

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