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Dalloway : Une dystopie en manque d’inspiration

Dalloway avec Cécile de France
© Gaumont

Rien de plus ironique que de voir une écrivaine en mal d’inspiration se faire vampiriser par une IA dans un film écrit par des humains en panne d’idées neuves.

Une romancière en déclin (Cécile de France) s’installe dans une résidence d’artistes ultra connectée en plein Paris futuriste aux airs de cauchemar climatisé. Entre deux couvre-feux et tests salivaires, elle tente de rédiger un roman sur les derniers jours de Virginia Woolf. Dalloway entre alors en scène. Pas le personnage créé par Woolf, non, l’assistante vocale omniprésente, dont la voix sucrée et inquiétante n’est autre que celle de Mylène Farmer. Cette IA va puiser dans les traumas de l’écrivaine pour en faire ressortir sa créativité, jusqu’à devenir de plus en plus intrusive. Un artiste de la résidence va alors la mettre en garde sur les intentions cachées de cette organisation…

Yann Gozlan (réalisateur de Boîte noire et Un homme idéal, tous deux avec Pierre Niney) orchestre un ballet techno-paranoïaque trempé dans une sauce un peu fade et simpliste, une mayonnaise qui ne prend pas vraiment. Les décors aseptisés déteignent sur le scénario, lui aussi, très convenu. Cette dystopie revêt les habits du cinéma de genre, mais peine à en assumer la radicalité et à dépasser une impression de téléfilm.

Dalloway avec Cécile de France
© Gaumont

Cécile de France porte le film à bouts de bras. Elle s’y donne à fond, incarnant la douleur rentrée comme la panique montante. Que reste-t-il d’un artiste si son style devient reproductible ? Que signifie créer, quand la créativité se duplique ? Des questions vertigineuses et dans l’air du temps. Dalloway vise juste quand il évoque la dépossession – ce sentiment qu’on nous vole ce qui fait notre unicité – mais il ne va pas au bout de ses idées. On aurait pu rire, mais le film se prend trop au sérieux pour qu’on y voie une satire. Résultat : on reste coincé entre deux tons.

Le titre convoque Virginia Woolf sans lui rendre justice. Des dialogues qui surlignent au lieu de suggérer, une mise en scène trop lisse, des rebondissements trop attendus. On regarde sans déplaisir, mais sans frisson.



Réalisé par Yann Gozlan (France - 110 minutes) avec Cécile de France, Mylène Farmer, Anna Mouglalis

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