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Des preuves d'amour : récit d'une parentalité queer, mais pas que

© Athena Films
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Premier long-métrage d’Alice Douard, Des preuves d’amour suit le cheminement pour trouver sa place de mère aux yeux de la loi, de soi et des autres. “Vous faites partie des pionnières”, lance l’avocate de Céline, en plein processus d’adoption de l’enfant que porte sa compagne, enceinte par PMA. Et Alice Douard fait partie des pionnières à en faire un film. Elle l’ouvre sur des archives du “mariage pour tous” en 2013 : 136 heures et 45 minutes de débat avant que la loi ne soit adoptée.


Pour son premier long-métrage, la réalisatrice mêle la force du témoignage à la douceur d’une comédie romantique. Sa justesse tient sans doute à sa propre expérience : elle a aussi attendu son premier enfant sans le porter. Cette situation intime et politique a éveillé en elle beaucoup d’interrogations, et en a suscité, de façon parfois non sollicitée, chez les autres. Puisqu’elle ne trouvait pas de récit auquel s'identifier, elle en a créé un : Des preuves d’amour.


© Athena Films
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Le duo formé par Céline (Ella Rumpf) et Nadia (Monia Chokri) fonctionne à merveille : l’une plus intérieure, l’autre plus expansive ; l’une sur le versant froid, l’autre sur le versant chaud. Ensemble, elles composent un amour vibrant et communicatif. Le film s’attarde surtout sur Céline. Puisqu’elle ne porte pas l’enfant, elle n’a aucun droit immédiat. Il lui faut se marier, rassembler quinze lettres de proches et des photos : constituer des preuves d’amour. Aimer devient une procédure administrative, un rituel absurde mais sincère. Du décalage entre le cœur et la paperasse jaillit beaucoup d’humour.


Avec une photographie colorée, le film navigue du réalisme à la rom-com. On rit, on pleure. Les scènes d’amour y sont filmées comme des respirations. La musique, elle, agit comme fil conducteur. Céline, DJ, mixe des sons électroniques en boîte de nuit quand sa mère (Noémie Lvovsky) joue du piano sur les scènes du monde entier. Deux univers, deux tempos, deux manières d’habiter le silence.


© Athena Films
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Des preuves d’amour n’est pas seulement un film sur la PMA ou sur la parentalité queer. Il montre ce qu’il y a de plus universel : la peur de mal faire, le besoin d’être reconnu, la difficulté d’exister face au regard des autres. On y trouve des scènes d’une vérité désarmante montrant l’homophobie ordinaire, l’épuisement et les rires partagés dans la détresse. “Il faut porter encore en soi un chaos, pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante.”



Avec Ella Rumpf, Monia Chokri, Noémie Lvovsky. France, 97 minutes. 


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