Wicked 2 : une suite en demi-teinte
- Kévin Giraud

- il y a 1 jour
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Dernière mise à jour : il y a 9 heures

D’art total, c’est bien ce dont il est question dans Wicked, deuxième du nom. Moins d’un an après un premier volume tout en superlatifs, la conclusion du récit d’Elphaba prend une tournure plus sombre. Celle qui est désormais connue comme la Méchante sorcière de l’Ouest résiste envers et contre tout contre la campagne de dénigrement du Magicien d’Oz et de sa complice Madame Morrible, dont l’instrument n’est autre que Glinda. L’arrivée d’une jeune fille du nom de Dorothée est sur le point de tout changer.
Mais de cette dernière, il n’est que peu question, ce n’est pas là le propos. Tout le sel de Wicked est justement de se détacher du conte (quelque peu daté) pour offrir un message intemporel d’ouverture, de tolérance et de résistance face aux contre-vérités et à l’obscurantisme. À grands coups de sabot, parfois.
Plus court que son prédécesseur, ce second opus souffre des mêmes faiblesses que le second acte du musical dont il est inspiré. Contraint et forcé d’expliciter les liens qui le rattachent à son inspiration originelle, Wicked II se perd quelque peu dans les parcours de ses personnages secondaires et ses flash-backs superflus. Un lionceau brièvement aperçu jadis devient ainsi le lion peureux, tandis qu’une sorcière à peine révélée voit sa triste odyssée s’achever brutalement sous une cabane tombée là à point nommé.

Des faiblesses qui s’effacent quand Cynthia Erivo et Ariana Grande laissent libre cours à leur puissance vocale, au travers de deux solos inédits. Un ajout bienvenu quoiqu’imparfait, mais qui donne à Ariana Grande une nouvelle occasion de prouver la richesse de son jeu. À la rivalité d’Elphaba et Glinda à l’écran répond la complicité des deux actrices, prenant un malin plaisir à désamorcer les moments les plus rudes du film avec l’un des sourires en biais si évocateur d’Erivo, ou par les mimiques capillaires devenues cultes de Grande. Une dose d'humour qui pimente ce plat sinon un tantinet plus fade que le précédent, à laquelle s'adjoint la performance (un peu) plus riche de Jeff Goldblum en grand manipulateur d'Oz. À l'ère des mensonges globalisés et des fausses nouvelles, son guilleret solo “Wonderful” résonne avec un glas d'autant plus lugubre.
Que reste-t-il de Wicked, à l'issue de ces quasi cinq heures de film ? Du strass, des paillettes, des décors et des mélodies grandioses, mais (peut-être) un léger sentiment de vacuité. L'envie d'aller plus loin, frapper plus fort. De faire trembler – à l'image de ce duo – les murs d'un monde qui dépasse l'écran. Jusqu'à en défier la gravité.
Avec Ariana Grande, Cynthia Erivo, Jeff Goldblum. 138 minutes. États-Unis.



