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Flashback : Holy Smoke, de Jane Campion

Photo du rédacteur: Thibault ScohierThibault Scohier

Holy Smoke arrive le 16 février dans le catalogue de la Cinetek, recommandé par le cinéaste belge Joachim Lafosse.


© Bac Films

Dire qu’Holy Smoke parle de voyage en Inde ou d’ashram, c’est déjà induire son public en erreur… comme le fait le film lui-même. Derrière l’histoire de Ruth (Kate Winslet) rejoignant tout à coup la secte d’un gourou, il y a surtout le récit d’une jeunesse australienne qui ne sait plus à quel saint se vouer. À quoi bon vivre ? Sa famille n’apporte aucune stabilité : joyeusement bordélique certes, mais aussi pleine d’hypocrisies et de secrets. Difficile de ne pas se mettre à la place de la protagoniste et de partager son envie de fuir cette atmosphère de triste abandon, quitte à se jeter dans les bras d’une vérité transcendante…


Très vite revenue en Australie, Ruth est embarquée au cœur du bush par le célèbre – dit-on ! – P. J. Waters (Harvey Keitel), venu pour la « déprogrammer » et lui faire regagner le cours normal de la vie. La croyante contre le cynique, le désir de vivre débordant contre la science des comportements contrôlés… Sauf que sa machine se grippe, il perd peu à peu pied et son rapport à la raison.


Holy Smoke se confronte aussi, évidemment, à la question du patriarcat. Et avec quelle ambiguïté ! Jane Campion, dont la caméra est d’une liberté sidérante, montre la violence du regard masculin en y plongeant brusquement son public. Allant de l’humour noir au grotesque en passant par un symbolisme mobilisant la splendeur des paysages, la réalisatrice livre une œuvre où la beauté est définitivement maudite. Comme Ruth, piégée par son physique et le désir des hommes. Alors qu’elle semble renverser la domination qu’exerce P. J., en subvertissant son rapport au genre, il lui rappelle douloureusement qu’elle ne sera jamais rien d’autre que l’objet de sa fascination. L’amour ? Un dogme comme les autres.



RÉALISÉ PAR : JANE CAMPION

AVEC : KATE WINSLET, HARVEY KEITEL

PAYS : AUSTRALIE, ÉTATS-UNIS

DURÉE : 115 MINUTES



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