Julian : une histoire d'amour unique

© Lumière Benelux

« Lesbians do it better » nous dit un slogan populaire dans la communauté queer. Une punchline fameuse pour son clin d’œil lubrique mais d’autant plus pertinente pour parler d’activisme politique. Le militantisme de Fleur (Nina Meurisse) et de Julian (Laurence Roothooft) est à la hauteur de leur amour. Fiancées et heureuses, elles rassemblent leurs économies et plaquent tout pour célébrer leur union dans vingt-deux pays différents, ceux autorisant le mariage entre deux femmes à l’époque des faits (réels), c’est-à-dire en 2017. Au milieu de cette longue fête où l’intime embrasse goulument le politique, Julian tombe gravement malade. Prête à tout pour son épouse, Fleur glisse d’une lutte à l’autre. Et si l’amour est un drapeau, parviendra-t-elle à transformer son deuil en étendard ?

Produit par les frères Lukas et Michiel Dhont, et coécrit par Angelo Tijssens, le premier film de Cato Kusters peine à nous faire vibrer autant que Girl ou Close. La distance émotionnelle est sans doute due à l’absence relative de violons, le film préférant se reposer sur les superbes performances d’actrices, celle de Nina Meurisse en tête. À moins que ce ne soit le scénario-mosaïque, voyageant en avant comme en arrière dans le temps, sans vraiment créer de rythme sur les curseurs émotionnels de l'intrigue. Reste un film d’une élégance un peu froide mais avec le grand mérite de s’affranchir du ‘straight gaze’ pour saisir les nuances d’un amour à contre-courant.

Avec Nina Meurisse, Laurence Roothooft. Belgique/Pays-Bas, 91 minutes.