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Materialists : une anti-romcom ?

Materialists, de Celine Song
© Atsushi Nishijima

Alors qu’elle déambule avec grâce dans les rues de New York, Lucy (Dakota Johnson) croise le regard d’un homme d'affaires, fièrement apprêté. Elle poursuit un temps sa route, avant de rebrousser chemin. On envisage une scène de drague, mais Lucy lui tend immédiatement sa carte : son agence est à la recherche de célibataires prometteurs et ce monsieur semble un “bon parti”. 


En tant que “matchmakeuse professionnelle”, Lucy ne perçoit désormais les gens que via un enchevêtrement de statistiques - taille, salaire, opinions - qui déterminent avec précision la place des individus sur le marché. Quant à sa vie sentimentale, elle oscille entre l’avenir doré auguré par le richissime Harry (Pedro Pascal) et la réapparition impromptue de son ex-partenaire (Chirs Evans), toujours fauché comme les blés.

Materialists, de Celine Song
© Atushi Nishijima

Le dilemme pourrait paraître un brin cliché, mais Celine Song s’en empare avec sérieux et élégance. À rebours de son précédent film, Past Lives, qui évoquait avec nostalgie un amour impossible, Materialists embrasse davantage le cynisme, mais sans se départir de cette douceur dans la mise en scène. D’où l’impression étrange de voir une anti-romcom, où le confort matériel et le pragmatisme l’emportent systématiquement sur le charme et la sentimentalité : les scènes de séduction se transforment en négociations commerciales tandis que la seule scène de sexe est parasitée par la contemplation d’un appartement luxueux. 


Dommage que le récit semble progressivement effrayé par le tableau qu’il a lui-même brossé, jusqu’à embrayer vers un happy-end facile et peu crédible sous forme de triomphe de l’amour inconditionnel. Tout ça pour ça ? On préférera se souvenir du film pour ses ambiguïtés et sa froideur, à l’image de la confession nocturne du personnage de Pedro Pascal, qui jetait une soudaine part d’ombre sur ce portrait trop parfait.



Réalisé par Celine Song (États-Unis, 109 minutes) avec Dakota Johnson, Pedro Pascal et Chris Evans. 


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