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The Last Viking : que vaut le délire sur les Beatles avec Mads Mikkelsen ?

Pour sa sixième collaboration avec Mads Mikkelsen et Nikolaj Lie Kaas, Anders Thomas Jensen livre une comédie noire aussi absurde que touchante, dans la pure tradition scandinave du rire coincé dans la gorge.


© September Film Distribution
© September Film Distribution

Après quinze ans de prison pour un braquage mal digéré, Anker revient sur les terres de son enfance, bien décidé à récupérer une valise pleine d’argent enterrée par son frère, Manfred. Problème : le Manfred d’aujourd’hui s’appelle John et pense être une réincarnation de Lennon. Flanqué d’un psychiatre à l’agonie, Anker accepte alors une idée folle : pour sortir son frère de son trouble dissociatif, il va le laisser être John, entouré de trois autres faux Beatles. Le braquage devient alors secondaire, l’argent, prétexte et la quête, intérieure.


Entre réel et délire, souvenirs et fantasmes, violence et tendresse, The Last Viking s’amuse à faire sauter les codes et les certitudes, comme une thérapie qui aurait mal tourné. Visuellement, Jensen assume un ton presque surréaliste pour sa fable cartoonesque : la mise en scène est rythmée, la photo contrastée, et les ruptures de ton sont légion. À chaque plan, on oscille entre comédie absurde et drame psychologique. Un concert en costume de la Renaissance succède à un flashback sur un père alcoolique. C’est drôle, violent et désespérément humain. Taiseux et brut, Nikolaj Lie Kaas laisse passer les fissures de son personnage avec une précision chirurgicale. Face à lui, Mads Mikkelsen trouve un équilibre délicat entre caricature et blessure.


© September Film Distribution
© September Film Distribution

Mais le vrai tour de force du film, c’est son écriture. Derrière les punchlines et les situations absurdes, The Last Viking empile les quêtes comme des poupées russes : celle du butin, celle du frère, celle de la mémoire. Et surtout, la quête de soi. Dans un twist aussi bien amené que déchirant, Anker, en cherchant l’argent découvre que c’est un vieux trauma qu’il a enterré — littéralement. Le film interroge alors la place du souvenir : ce qu’on choisit d’enfouir, ce qu’on déforme, ce que le regard des autres nous vole. The Last Viking, c’est l’histoire de deux frères, deux fragments d’un même miroir brisé, où chacun incarne une fuite possible. Anker nie, Manfred transforme. L’un refoule, l’autre réinvente.


The Last Viking joue sur beaucoup de tableaux, jusqu'au trop plein. À force de changer de registres, le film finit parfois par perdre un peu son fil. Mais même dans ses déséquilibres, The Last Viking reste un objet filmique singulier, libre, souvent brillant qui pose cette vérité simple : on n'échappe pas à son passé mais on peut, parfois, le rejouer autrement. 



Avec Mads Mikkelsen, Sofie Gråbøl, Nikolaj Lie Kaas, Bodil Jørgensen. Danemark, 116 minutes.


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