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Cannes 2025 : Enzo, la chronique posthume de Laurent Cantet

Enzo, de Laurent Cantet et Robin Campillo
© Quinzaine des cinéastes

Laurent Cantet (lauréat de la Palme d'or en 2008 avec Entre les murs), qui nous a quittés l'année passée, n'a pas eu le temps de tourner son dernier script. Son ami et co-scénariste Robin Campillo (120 battements par minute) a repris le projet et Enzo s'est transformé en "un film de Laurent Cantet, réalisé par Robin Campillo" comme le crédite, non sans émotion, son générique d'ouverture. 


Enzo (Eloy Pohu), 16 ans, fils d'une ingénieure (Élodie Bouchez) et d'un professeur universitaire (Pierfrancesco Favino), a quitté le circuit scolaire pour apprendre la maçonnerie, un métier concret et utile. Dans sa luxueuse villa familiale de La Ciotat, Enzo se sent comme un intrus parmi les siens, surtout face à son père qui voit dans son choix de vie une erreur qu'il espère passagère. Sur les chantiers, Enzo et son manque d'investissement dénotent aussi, jusqu'au jour où Vlad (Maksym Slivinskyi), un ouvrier ukrainien, le prend sous son aile et éveille son désir. 


Du sentiment d'étrangéisation à son environnement, Enzo tire un récit d'adolescence qui cherche sa place dans l'incertitude du monde contemporain. Le mélange des questionnements sociaux (transfuge de classe), existentiels et politiques (la guerre en Ukraine) et du coming of age queer et sensuel forme certes la fusion entre le cinéma de Laurent Cantet et celui de Robin Campillo, mais ces composantes, trop nombreuses pour leur propre bien, se dispersent et s'intègrent mal les unes aux autres. Même si certaines scènes font mouche et que la différence entre l'idéal d'Enzo et la réalité est une matière de de fiction intéressante, cette initiation d'une jeunesse bourgeoise privilégiée mais désemparée, diluée  dans une relation de transfert et d'érotisation avec un exilé ukrainien, frôle souvent la maladresse. Et, l'artificialité de certains dialogues et des confrontations avec le père enfoncent le clou. Enzo a l'air de plaire sur la Croisette, mais de notre côté, c'est une légère déception. 


Enzo de Laurent Cantet et Robin Campillo

France/Italie, Belgique

La Quinzaine des Cinéastes

Avec : Eloy Pohu, Pierfrancesco Favino, Élodie Bouchez et Maksym Slivinskyi


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