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Critique : Amal de Jawad Rhalib

Une femme en colère

© Scope Pictures

En Arabe, « Amal » signifie « espoir ». Donner ce prénom à l’héroïne de son film est un choix loin d’être anodin pour Jawad Rhalib, dont le cinéma, qu’il soit documentaire (Au temps où les Arabes dansaient) ou de fiction (Insoumise) est traversé par des questions de droits humains, de réalités sociales et de valeurs morales. 


Enseignante dans une école d’un quartier de Bruxelles, Amal est le genre de prof passionnée et gouailleuse, qui pousse ses élèves à cultiver leur curiosité et leur esprit critique. Quand elle réalise que Monia, une jeune femme de sa classe, est victime de harcèlement scolaire, son sang ne fait qu’un tour. Dans les quolibets homophobes de Jalila et Rachid, elle reconnaît les dangers d’un fondamentalisme religieux contre lequel l’école se doit d’être un rempart de tolérance et d’ouverture d’esprit. Les décisions pédagogiques qu’elle va prendre, comme troquer la lecture de textes de Victor Hugo pour ceux d’Abu Nawas, poète homosexuel et musulman du 8ème siècle, vont lui attirer la foudre de certains parents – et l’inquiétude du corps enseignant, de la directrice (Catherine Salée) soucieuse mais malhabile, au prof de religion (Fabrizio Rongione) qui lui fait front.


S’il est ancré à Bruxelles, la portée de Amal se veut universelle. Fort d’une mise en scène nerveuse et fluide, le film n’échappe pas à quelques tournures dramatiques prévisibles et se laisse dominer parfois par les emportements d’Amal, incarnée avec fougue par Azabal qui trouve ici un rôle taillé pour elle. Mais ses atouts sont dans sa façon de tenir la tension tout du long, dans son casting choral où se font face deux générations, et dans la force de son propos sur le rôle de l’éducation. L’espoir du titre, quant à lui, réside dans les débats que le réalisateur fait le vœu de provoquer. Au vu des prix et réactions variées récoltés par le film lors de son parcours en festivals, il est permis d’espérer.  


RÉALISÉ PAR : JAWAD RHALIB

AVEC : LUBNA AZABAL, CATHERINE SALÉE, FABRIZIO RONGIONE, BABETIDA SADJO

PAYS : BELGIQUE

DURÉE : 110 MINUTES

SORTIE : LE 7 FÉVRIER

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