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Oxana : un biopic inspirant mais trop sage

Dernière mise à jour : il y a 5 heures


Il y a cinq ans, la réalisatrice Charlène Favier avait électrisé le cinéma français avec Slalom, premier long-métrage troublant et vénéneux qui racontait comment une jeune sportive de haut niveau parvenait à s’extirper de l’emprise malsaine de son coach. Aujourd’hui, elle revient avec un nouveau projet, lui aussi porté par des valeurs féministes : Oxana, portrait inspiré de la vie d’Oxana Chatchko, militante et peintre ukrainienne à l’origine du mouvement Femen. 


L’occasion d’une narration au long cours (près de quinze ans) morcelée autour de différents lieux géographiques - Ukraine, Biélorussie, France, Russie - le tout majoritairement dialogué en ukrainien. La cinéaste conserve cependant son horizon esthétique : la chair et le regard, déjà essentiels dans Slalom, reprennent ici une place de choix dans la mise en scène, qui s’attache à donner un corps, une matière tangible, à la lutte politique. Moins fascinée par l’icône féministe que par la jeune femme qui se cache derrière, Charlène Favier scrute les gestes et les tressaillements de son actrice principale (Albina Korzh, magnétique dans son premier rôle), nous plongeant dans l’intimité des dilemmes de celle qui a tout sacrifié pour ses idéaux.

Des interrogations hélas un peu sous-traitées par le scénario, souvent trop didactique et superficiel lorsqu’il s’agit d’explorer ces enjeux politiques. Le récit esquisse pourtant des pistes stimulantes, notamment lorsqu’il évoque l’épuisement des luttes et la marchandisation du militantisme. À ce titre, le parcours parallèle d’Inna Chevtchenko, glissant d'activiste révoltée à icône un peu fashion, aurait sans doute mérité plus de finesse et de nuance.


Comme beaucoup de biopics, Oxana est un film sincère et bien ouvragé, mais un peu trop sage pour véritablement faire honneur aux combats dont il se fait l’émissaire. 



Réalisé par Charlène Favier (103 minutes / Français), avec Albina Korzh, Maryna Koshkina, Lada Korovai



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