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James Cameron, vers l'infini et eau delà


© 2022 20th Century Studios

Du désavoué Piranha 2 à The Abyss, en passant par Titanic, l’eau a une place prépondérante dans la carrière de James Cameron. Retour sur une fascination hors-norme à la portée aussi symbolique que révolutionnaire, qui se poursuit avec le deuxième épisode d’Avatar, La voie de l’eau.


Jacques Cousteau, les légendes de l’Atlantide et de nombreuses heures passées devant les documentaires de National Geographic. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces références ont considérablement marqué l’adolescent qu’était James Cameron. A l’âge de 16 ans, sa passion pour les fonds marins le pousse à plonger pour la première fois, puis il s’envole pour les Etats-Unis, où il obtient un diplôme de physique. Durant ces années, il se découvre un autre intérêt: le cinéma. Il se fait alors les dents en tant que directeur artistique sur Les Mercenaires de l’Espace (Jimmy T. Murakami, 1979) et en tant que responsable d’une partie des effets spéciaux de New York 1997 (John Carpenter, 1981), James Cameron se voit confier la suite de Piranha (Joe Dante, 1978) avec Piranha 2: Les Tueurs volants en 1982.


Mais qui dit que la vie de réalisateur est un long fleuve tranquille ? Cette première expérience de mise en scène s’avère désastreuse. Comme la suite le démontrera, Cameron n’est pas le meilleur ami des échéances. Raison pour laquelle, entre autres, Ovidio G. Assonitis, producteur du film, le remerciera après deux semaines et demie de tournage. Pour des motifs légaux, son nom reste au générique. Une décision qui pousse le réalisateur à renier Piranha 2. Un film raté mais qui permet au Canadien de réaliser ses premières séquences aquatiques et de disperser ça et là quelques éléments annonciateurs de sa carrière (l’exploration d’une épave dans son introduction ou encore un piranha s’extirpant du ventre d’une de ses victimes, référence directe à Alien de Ridley Scott).


Il faudra attendre sept ans et deux films supplémentaires pour que Cameron replonge ses caméras. Fort du succès de Terminator (1984) et Aliens (1986), il obtient le feu vert pour réaliser son film le plus personnel à ce jour: Abyss. Suivant la tentative de sauvetage de l’équipage d’un sous-marin nucléaire par les membres d’une station de forage implantée à plus de 500 mètres au-dessous du niveau de la mer, le long-métrage de fiction permet au metteur en scène de nager comme un poisson dans l’eau. Mélange des genres, empruntant aussi bien au film catastrophe qu’à la science-fiction (on pense à Rencontres du Troisième Type de Spielberg) ou au film de sous-marin (évidemment) post-guerre froide, Abyss révèle les ambitions démesurées que l’on connaît du réalisateur. Pour tourner ses scènes de plongée, Cameron fait construire une gigantesque cuve dans le réacteur d’une centrale nucléaire désaffectée. Mais c’est avant tout grâce à ses effets spéciaux qu’il marque les esprits. Avec ILM, ils révolutionnent le domaine avec une gestion des fluides encore jamais atteinte, dans une scène clé où la présence extra-terrestre s’infiltre tel un serpent aquatique dans les couloirs de la station Deepcore. Au-delà du défi technique, Abyss est surtout l’histoire d’un couple en proie au doute. L’eau qui entoure la station dans laquelle évoluent Bud (Ed Harris) et Lindsey (Mary Elizabeth Mastrantonio), les confronte à leurs sentiments, les révèle et use de sa capacité régénératrice. Pour Cameron, elle joue le rôle de miroir tendu puisqu’il traverse à l’époque des difficultés dans son mariage. Malheureusement, le film est un échec au box-office malgré des critiques favorables et les comportements autoritaires du réalisateur sur le tournage ternissent sa réputation.


Abyss (1989) © 20th Century Fox

Après la tempête, James Cameron renoue avec le succès au début des années 90 et ses deux collaborations plus que fructueuses avec Arnold Schwarzenegger, Terminator 2 : Le Jugement dernier (1991) et True Lies (1994). Maintenant que sa solvabilité est prouvée, il est temps pour le Canadien de refaire plongette. Cette fois-ci, il participe à la construction d’un sous-marin pour aller visiter l’épave d’un certain paquebot gisant au fond de l’océan Atlantique. Cameron le dit lui-même : le cinéma est une excuse pour explorer toujours plus. Des expéditions qui donneront naissance au raz-de-marée Titanic, une œuvre dantesque, dernière représentante d’une époque où Hollywood jouait encore avec le feu. Une démesure à l’image de ce bateau, incapable d’être capturé par le cadre, et soumis au pouvoir d’une eau aussi porteuse d’espoir que capable d’anéantissement. Tout a déjà été dit sur ce film, troisième plus gros succès au box-office mondial de tous les temps, mais Titanic marque une transition dans la passion aquatique du Canadien, à l’image de ces scènes de visites de l’épave, mélange d’effets pratiques grâce à l’utilisation de maquettes et de prises de vue réelles faites par le réalisateur lui-même.


Titanic (1997) © 20th Century Fox

Il faudra attendre treize ans avant que James Cameron ne sorte un nouveau blockbuster. Mais pendant ce temps-là, entre pré-production et le tournage d’Avatar, il s’investit de façon exponentielle dans sa découverte des fonds marins. Après avoir ré-exploré l’épave du Titanic avec Bill Paxton dans son documentaire Les Fantômes du Titanic (2003), il passe faire signe à celle du cuirassé Bismarck et aux espèces des profondeurs dans Aliens in the Deep (2005) avant d’établir un record. En 2012, il plonge seul au point le plus profond de la fosse des Mariannes, à 10 898 mètres sous la surface, un exploit dépassant celui du personnage de Bud dans Abyss.


2009 marque un autre de ses records avec la sortie d’Avatar, plus gros succès au box-office mondial de tous les temps. Cette nouvelle réussite lui permet d’expérimenter la 3D comme personne ne l’avait fait auparavant. De cette utilisation révolutionnaire, Cameron passe treize nouvelles années pour réaliser la suite de la saga avec cette fois l’ambition de tourner les premières scènes de motion capture sous-marine. Un défi d’autant plus compliqué à relever à cause de l’effet réfléchissant de l’eau. Avatar : La voie de l’eau fera-t-il l’effet d’une fontaine de Jouvence sur James Cameron ou marquera-t-il la fin d’un règne propulsé par sa passion démesurée? Réponse aujourd'hui dans salles.

Retrouvez la critique complète d'Avatar : La voie de l'eau ici.

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