La femme la plus riche du monde : Huppert et Lafitte au sommet
- Quentin Moyon
- il y a 2 jours
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Inspiré de l’affaire Banier/Bettencourt, le nouveau film de Thierry Klifa n’emprunte à la réalité que sa trame principale : Pierre-Alain Fantin (Laurent Lafitte), un photographe-écrivain-escroc, détrousse avidement Marianne Farrère (Isabelle Huppert), la femme la plus riche du monde, autrement dit Liliane Bettencourt. Il y a du Molière dans cette farce bourgeoise, qui traite avec finesse les relations au sein d’une famille structurée autour d’une matriarche richissime. Relations horizontales, avec le soutien inconditionnel de celle-ci à son mari malgré la déchéance qui le touche et l’ennuie qu’il lui procure. Verticales avec la double relation de filiation - naturelle avec sa fille (une Marina Foïs transformée), et construite avec Fantin. Ou latérales au travers de liens “familiaux” ambigus que les familles aisées partagent avec leurs domestiques, le personnage de Raphaël Personnaz en tête.

En incarnant l’escroc Fantin, Laurent Laffite reprend un rôle qui lui va à ravir : celui d’un manipulateur qui se tapit derrière un aplomb et des affronts qui font rire et (re)vivre Marianne, tout en faisant sombrer son entourage et sa fortune. La force du film repose sur cet exquis duo de cinéma, qui n’en est pas à sa première relation toxique (Elle, de Paul Verhoeven, dans lequel Isabelle tient aussi le rôle d’une victime qui ne se voit pas comme telle).
De cette comédie dramatique intéressante, on regrettera néanmoins son insertion de plans de fausses interviews des protagonistes principaux qui, en plus de casser le rythme du film, viennent essaimer des codes de cinéma-vérité inutiles et lourdauds.
Avec Isabelle Huppert, Laurent Lafitte, Marina Foïs. France/Belgique, 123 minutes.
