Libre échange : une comédie presque audacieuse
- Katia Peignois
- il y a 6 jours
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À l’heure où le couple libre séduit de plus en plus de gens, malgré un conservatisme hétéronormatif qui reprend du terrain un peu partout, de quelle manière le cinéma s’empare-t-il de ces réalités contemporaines ? C’est animée par cette interrogation que la présentation à Cannes Première de Libre échange de Michael Angelo Covino, qui suit les liaisons extra-maritales de quatre trentenaires/quadragénaires, nous intriguait particulièrement. Si le deuxième long-métrage du duo Covino (à la réalisation) et Kyle Marvin (au scénario), après The Climb en 2019, confirme un savoir-faire dans le domaine de la comédie — inspirée entre autres du burlesque et de Judd Apatow —, il ne s’affranchit finalement pas d’une vision conformiste du couple.
Lorsque Ashley (Adria Arjona, fabuleuse) annonce à Carey (Kyle Marvin) qu’elle veut divorcer parce qu’elle s’ennuie avec lui, ce dernier se réfugie chez Julie (Dakota Johnson) et Paul (Michael Angelo Covino), un couple d’amis, qui lui révèlent que le secret de leur longévité est d’avoir ouvert leur mariage. À quel point ? Carey va le découvrir en se rapprochant de Julie…

Avec ses élans tragi-comiques réjouissants, souvent filmés en plans-séquences, ses jeux de miroir savoureux, son comique de situation et ses chorégraphies étirées à l’extrême (dont une bagarre d’égos de mâles qui vire au slapstick), Splitsville pioche savamment dans différents registres d’humour et orchestre un chaos d’attirances et de sentiments pour explorer ce qui ébranle les liens amoureux, amicaux et sexuels. Mais, de la crise existentielle du quatuor, Covino et Marvin tirent avant tout un portrait des angoisses et cruautés masculines modernes. Après avoir brièvement donné l’illusion de s’intéresser aux relations libres, alors qu’il s’en est principalement servi comme outil rocambolesque, reléguant au passage le besoin d’émancipation d’Ashley à une accumulation de péripéties — parmi lesquelles son aventure avec une femme est la moins bien traitée —, Splitsville assume (trop) son caractère traditionaliste.
Réalisé par Michael Angelo Covino (États-Unis - 104 minutes) avec Dakota Johnson, Adria Arjona, Michael Angelo Covino