En première ligne : Un thriller médical immersif et empathique
- Camille Wernaers
- 16 sept.
- 2 min de lecture

C’est peu dire que la réalisatrice suissesse Petra Volpe s’attaque dans son travail à des sujets intenses. Dans son précédent film, Les Conquérantes, sorti en 2017, elle utilisait la comédie afin d’aborder la lutte des femmes dans un petit village en Suisse pour avoir (enfin) accès au droit de vote dans les années 1970. Pour son nouveau film, En première ligne, elle s’intéresse encore à un sujet genré : les conditions de travail des infirmières, un métier majoritairement féminin et dévalorisé dans notre société.
C’est ce que souligne Petra Volpe en suivant Floria le temps d’un quart de travail dans un hôpital. Particulièrement immersif, notamment par l’utilisation de la caméra à l’épaule pour suivre les mouvements de l’infirmière, le long métrage montre avec une précision chirurgicale les nombreux gestes techniques qui composent son travail, les moments de soin, mais aussi de tristesse ou de colère. Il permet de rendre compte, presque à la manière d’un documentaire, de la cadence avec laquelle elle doit effectuer ses multiples tâches et de l’importance de celles-ci pour les patient·es. Si l’infirmière veut bien faire, elle se voit pourtant sans cesse entravée dans son travail, notamment à cause du manque de personnel. La réalisatrice s’est beaucoup renseignée sur le sujet, et a tenu à ce que l’actrice Leonie Benesch, qui interprète Floria de manière extrêmement crédible, s'entraîne avec de vraies infirmières.

L’hôpital, recréé pour des raisons pratiques dans une clinique désaffectée, constitue un personnage à part entière dans ce récit, avec ses couloirs et ses chambres qui se multiplient comme à l’infini. Dans chaque lit, une personne différente, avec sa propre histoire, attend d’être soignée et, aussi, écoutée. A ce sens, En première ligne est un film profondément empathique et humain, qui prend la forme d’un plaidoyer pour cette profession fondamentale. C’est aussi un film dont on ne ressort pas tout à fait indemne. L’Office fédéral de la culture suisse ne s'y est pas trompé : il a été sélectionné pour représenter le pays aux Oscars.
Réalisé par Petra Volpe (Suisse, Allemagne - 92 minutes ) avec Leonie Benesch, Sonja Riesen, Selma Adin



