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Predator Badlands : Disney a-t-il ruiné la saga ?


© 20th Century Fox Films
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Contemporaine de sa cousine Alien, la franchise Predator a connu des jours moins glorieux. Les choses avaient pourtant bien débuté, avec un premier opus démentiel et cultissime mené par Arnold Schwarzenegger, puis une première suite urbaine honorable portée par Danny Glover. Hélas, très vite, c’est la dégringolade : double ration de spin-off miteux en collaboration avec Alien, suite-remake au rebais réalisée par un anonyme (Predators au pluriel, pour celleux qui s’en souviennent), virage à la comédie de science-fiction dans les mains de Shane Black avec la catastrophe The Predator. Il a fallu attendre le cinéaste Dan Trachtenberg et son volet situé chez les Comanches, sobrement nommé Prey, pour que la marque reprenne enfin du poil de la bête. Le film était modeste mais bien troussé, et semblait être conscient de la nécessité de revenir aux fondamentaux, après deux décennies d’errance artistique. Avec Badlands, Trachtenberg, visiblement rasséréné par son premier succès, décide d’emmener la saga vers de nouvelles contrées. Pour la première fois dans la saga, nous suivons un Yautja - le vrai nom de la race Predator : nommé Dek, l'extraterrestre va entreprendre un voyage initiatique sur une planète mortelle, où il rencontrera au passage Thia, une androïde-scientifique très bavarde jouée par Elle Fanning.


© 20th Century Fox Films
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Un vaste programme qui a le mérite d’étendre la mythologie, jusqu'ici souvent cantonné à la surface terrestre. Trachtenberg avait un boulevard devant lui pour amener la franchise autre part, en développant les rituels de chasse des Yautja ainsi que l’univers intergalactique qui les entoure. Hélas, ses belles promesses demeureront lettre morte, car si Badlands fait mine de décloisonner son intrigue, celle-ci s'avère en réalité enferrée dans une montagne de clichés de blockbusters.


Visuellement d’abord, ce dernier opus mange à tous les râteliers : on pense à Star Wars face à ses épées lasers et ces premiers paysages arides, puis à Avatar avec cette faune et cette flore exotique et dangereuse, sans compter les liens avec Alien - comme l’avait dévoilé les trailers, l’entreprise Weyland-Yutani est de la partie. Même la bande-son, toute en sonorités gutturales, semble empruntée aux derniers Dune. Outre cette sensation de pot-pourri, le film souffre d’une photographie marronnasse et d’un étalonnage trop sombre, qui plombent la lisibilité des scènes d’action. Un problème évident dès le premier affrontement entre deux Yautja dans une caverne : l’identité des combattants se perd très vite dans un gloubiboulga d’effets spéciaux grisâtres, noyés dans une photographie sans contraste. A priori généreux - quelques créatures et situations sont amusantes sur le papier - le film glisse très vite vers le générique.


© 20th Century Fox Films
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Mais le plus étonnant avec cet opus, c’est qu’il entérine le projet de Disney à l’égard de la franchise, soit en adoucir la cruauté et la violence, pour en faire une nouvelle IP de space-opera grand public, avec supplément comédie. Alors que le Predator était jusqu’ici traité comme une figure du mal abstraite, tout juste encadrée par un code d’honneur de chasseur, Badlands s’échine à l’humaniser au fil des péripéties. Le Yautja a donc un frère, prêt à se sacrifier pour lui, et ressent un esprit de vengeance à l’égard de ceux qui lui font du mal. De même, son contact avec la planète et ses créatures va l'amener à s’ouvrir progressivement à la notion…d’empathie. L'idée n’est pas palpitante, surtout que Trachtenberg y va avec de très gros sabots - préparez-vous à voir le Predator apprendre à faire des blagues. Résultat, on se sent parfois plus devant un Shrek qu’un Predator, d'autant que les logorrhées du personnage d’Elle Fanning rappellent curieusement celles de l’âne. Espérons que l’inévitable nouveau cross-over avec Alien se montrera un tout petit peu moins familial.



Avec  Dimitrius Schuster-Koloamatangi, Elle Fanning. 107 minutes. États-Unis.


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