Raining Stones : le classique de Ken Loach restauré dans les salles
- Thibault Scohier
- il y a 19 heures
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Il ne fait pas bon vivre dans l’Angleterre thatchérienne, surtout si on appartient aux classes populaires. Bob, chômeur à la fois astucieux et poisseux, en sait quelque chose. Il n’a qu’un but : offrir à sa fille une robe neuve pour sa communion. Pour atteindre cet objectif, somme toute modeste, il va devoir se démener, quitte à signer un pacte avec le diable et à en payer le prix.
Avec Raining Stones, Ken Loach réalise en 1993 un exemple type du cinéma social. La caméra et sa réalisation se mettent au diapason des personnages, refusant tout effet de style et donnant au film une esthétique quasi documentaire. Le cinéaste réussit à capturer la misère avec un mélange de pudeur et de frontalité qui impressionne. On pense à la littérature prolétarienne (Gorki, London, Poulaille) et à sa manière de resituer les récits au niveau des déclassé·es, en montrant toute la complexité de leur situation et ses paradoxes.
Ainsi, il y a les petites magouilles (comme un vol de mouton rocambolesque), la débrouille et aussi un sens parfois mal placé de l’honneur, mais il y également les amitiés, les coups de main, la solidarité… une certaine idée de la décence commune.
Si le long-métrage n’est pas considéré comme une pièce majeure dans la filmographie de son réalisateur, il avait marqué les esprits à sa sortie et a été récompensé par le Prix du jury à Cannes. Il décrit avec beaucoup de justesse la classe ouvrière britannique, maintenue dans un équilibre précaire entre l’influence de l’Église et celle des organisations d’entraide issues du socialisme. Raining Stones ose même une fin inattendue, où la morale de l’histoire n’est pas celle d’une justice introuvable mais la conséquence du poids d’un monde trop inégalitaire. Quand la société faillit et qu’il « pleut des pierres », les misérables doivent parfois être pardonné·es.
Réalisé par Ken Loach (Royaume-Uni, 90 minutes) avec Bruce Jones, Julie Brown, Gemma Phoenix.