Découvrir le métier de directeur de casting avec Michaël Bier
- Kévin Giraud
- 28 juil.
- 3 min de lecture

Déjà bien établi aux États-Unis, le rôle de directeur·ice de casting reste peu connu en Belgique francophone, où l’on ne compte qu’une poignée de ces professionnel·les de l’ombre. Pourtant, c’est grâce à leur expertise, leur écoute et leur carnet d’adresses extensif que cinéma et séries belges ont acquis une notoriété mondiale. Rencontre avec Michaël Bier (ADK-Kasting) afin de mieux comprendre ce métier si particulier.
Comment êtes-vous devenu directeur de casting ?
J’ai eu la chance de pouvoir faire des études de réalisation à l’IAD, et c’est là que j’ai rencontré Benoît Mariage, le premier qui m’a proposé de le suivre dans un casting. C’est grâce à lui que j’ai commencé ce métier qui n’existait à l’époque presque pas en Belgique francophone. Ce qui l’avait marqué, c’était la manière dont je parlais des gens, et c’est vrai que cela est une composante essentielle de ce métier très axé sur l’humain. Être directeur·ice de casting, c’est savoir créer du lien. Entre un projet et des comédien·nes, entre des personnes, se mettre au service d’un univers ou d’un regard et tisser ces liens entre acteur·ices et réalisateur·ices.

Comment cela se passe-t-il concrètement?
En tant que directeur de casting, il faut pouvoir identifier les personnages à la lecture du scénario et composer avec les différents paramètres – coproduction, chaînes de télévision, … – pour pouvoir ensuite proposer des choix à l’équipe. Personnellement, j’aime bien jouer avec l’acteur ou l’actrice les scènes, afin de mieux ressentir les qualités de la personne, si elle joue seule ou avec son/sa partenaire. Écoute et générosité sont pour moi des qualités essentielles. Ensuite, je transmets ces enregistrements aux porteur·euses de projet, nous organisons un second tour de casting et le processus de sélection se finalise avec elleux.
Aujourd’hui, nous sommes de plus en plus souvent amenés à travailler à distance et à opérer des premiers castings en ligne, mais mon approche reste la même.
Comment choisissez-vous vos projets?
Sur base du scénario, du contact humain, et enfin de l’aspect financier. Aujourd’hui, j’ai le plaisir de pouvoir travailler sur des films fauchés où le facteur humain est très important, tout comme travailler sur des grands projets plus rémunérateurs avec lesquels j’ai moins d’affinités. J’ai la chance d’avoir pu collaborer à une myriade de projets intéressants, tant en cinéma d’auteurs qu’en séries, ou en films plus populaires, c’est assez incroyable en fait.
Ce que j’aime aussi particulièrement, c’est de pouvoir collaborer à des projets de grande ampleur, qui impliquent de négocier avec des agents, ce que j’ai pu faire avec Dalloway de Yann Gozlan, avec Cécile De France mais aussi Lars Mikkelsen, un acteur que j’apprécie depuis la série The Killing. Pouvoir construire la relation, réussir à sortir gagnant du jeu des agents et amener à une rencontre entre le réalisateur et une personne de cette envergure, ça a quelque chose d’unique.

Quand arrivez-vous sur un projet?
Nous sommes parmi les premiers à travailler sur un projet, après les équipes d’écriture et de réalisation. Ensuite, la manière dont on travaille va dépendre de la teneur du projet, et du type de personnages recherchés. Par nature, on commence tôt et on travaille plus ou moins jusqu’à la fin de la préparation du tournage, même s’il arrive qu’on revienne pendant celui-ci pour des rôles supplémentaires, ou des remplacements.
Comment ce métier a-t-il évolué?
La nature même du métier n’a pas changé, mais bien la manière de l’exécuter.
Quand j’ai terminé mes études, Benoît Lamy – (1945-2008) réalisateur et professeur à l’IAD — m’a offert des classeurs remplis de photos de comédien·nes, de coordonnées. Une vraie mine d’or mais qui prenait une place folle! Aujourd’hui, avec la numérisation, tout ceci a été remplacé par des outils informatiques. Mais cela s’est aussi accompagné d’une augmentation du nombre de formations – pas toutes qualitatives – et d’une augmentation du nombre de projets. Il y a quelque chose d’à la fois très excitant et vivant dans ce bouillonnement, mais c’est aussi une pression et une multiplication des projets qu’il faut pouvoir gérer tout en se préservant et en restant curieux. La curiosité, et se nourrir de théâtre, de cinéma ou de rencontres avec les talents est et reste essentielle pour ce métier.