Weapons est-il réellement le film d'horreur de l'été ?
- Julien Del Percio

- 5 août
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 6 août

Parfois, la curiosité suscitée par un film tient à une affiche savamment élaborée. Ici, une bande d’enfants trottinant dans la nuit noire, les bras tendus à l’horizontale, surmontée d'un titre paradoxal, presque hors-propos. “Weapons”.
L’intrigue du film aborde la disparition inexplicable de dix-sept enfants issus d’une même classe, ayant tous quitté leur chambre à très exactement 2h17 pour s’évanouir dans l’obscurité. Pourquoi sont-ils partis ? Où sont-ils allés ? Que leur est-il arrivé ?

À partir de ce postulat fécond et singulier, le cinéaste Zach Cregger dévoile une narration polyphonique, où chaque chapitre va accorder sa voix à un habitant de la ville. De l’institutrice de l’école à un enfant rescapé, en passant par un père en quête de vérité, le film assume d’être conçu comme un puzzle, qui prolonge la démarche initiée par le précédent opus du cinéaste, Barbarian, déjà riche en rebondissements taquins et en détours narratifs.
Cette approche, qui rappelle certains romans choraux de Stephen King tels que Bazar ou Salem, donne à Weapons un charme certain. À la manière d’un entonnoir, l’intrigue passe astucieusement d’un personnage à l’autre, tout en s'approchant inéluctablement de son centre géographique. Imprévisible, voire même instable, le récit se plaît à bifurquer de point de vue au pire moment, et imite en quelque sorte la dynamique des cliffhangers propre aux séries. Bien qu’artificiel, le procédé se révèle dans un premier temps stimulant et ludique, d’autant que chaque personnage bénéficie d’une caractérisation percutante et d’une interprétation de haute volée - en particulier ceux incarnés par Julia Garner, Josh Brolin et Aldrich Ehrenreich.

Hélas, plus l’intrigue progresse, plus l’univers s’appauvrit. Le vaste réseau de tresses élaborées par la narration débouche in fine sur des révélations convenues, qui ramènent Weapons à quelque chose de beaucoup moins vertigineux que sa promesse inaugurale. Pire encore, en épluchant les couches de secrets les unes après les autres, les deux derniers chapitres s'empêtrent dans de longues explications, là où il aurait sans doute fallu laisser flotter un parfum de mystère et d’irrésolu. Il résulte du projet la désagréable sensation d’avoir été presque floué, comme si Zach Cregger avait usé de sa narration sophistiquée pour mieux justifier une mythologie finalement classique, et même pauvre sur le plan thématique. Cette histoire méritait-elle un tel dispositif ? À l’arrivée, rien n’est moins sûr.
On se consolera avec le grand-guignol final, passage quasi obligé pour tout film d’horreur modernes, qui se révèle ici franchement réjouissant. De quoi conclure sur une bonne note ce drôle de film, aussi ambitieux que maladroit.
Réalisé par Zach Cregger (États-Unis - 129 minutes), avec Julia Garner, Josh Brolin, Benedict Wong, Aldrich Ehrenreich.


