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Critique : Adieu Sauvage de Sergio Guataquira Sarmiento

Raissa Alingabo Yowali M'bilo

Les noms de la mélancolie

© CBA

Il est rare, parmi les images qui viennent à l’esprit quand on évoque la Colombie, que surgissent celles des populations indiennes qui vivent dans la jungle du pays. Au gré d’une traque entêtante aux origines, le réalisateur Sergio Guataquira Sarmiento est parti à la rencontre d’une de ces communautés ignorées, les Cácuas, frappée par une funeste épidémie.


Adieu Sauvage est un retour aux sources magistral. Le film se singularise par l’extrême vulnérabilité du cinéaste, sans cesse ramené à son ascendance indienne mais découvrant qu’il n’a presque plus rien en commun avec elle. Ne lui reste que le nom, qu’il décrit comme un stigmate, point de départ de sa rencontre avec les Cácuas et un de ses membres en particulier : Laureano.


Avec ce documentaire, on peut palper le temps qui passe et éloigne les générations détachées de leurs communautés, tentant de se fondre tant bien que mal dans les sociétés urbaines et occidentalisées du reste du pays. Les indiens qui apparaissent à l’écran sont les descendants déshérités d’une culture qu’on leur a prise sans leur proposer d’alternative, sans les inclure dans cette modernité qu’on leur oppose sans cesse. On est spectateur d’une communauté et de ses traditions qui fondent sous nos yeux, réduites à peau de chagrin sur un territoire bien délimité. La frontière entre la jungle et la ville est à la fois impalpable et infranchissable, traversée de temps à autre par des ethnologues, hommes d’affaires, cinéastes - tous curieux de cet espace à la marge du monde où les jeunes hommes se pendent régulièrement par manque d’amour ou de perspectives.


Mêlant légendes, poésie et réalité de terrain, cette pépite franco-belge dégage une puissance envoûtante et mélancolique. Un documentaire poignant par l’humanité profonde dont il se fait l’écho, touchant au plus intime les invisibilisés, mettant en évidence tout ce qui les fait disparaître.


RÉALISÉ PAR : SERGIO GUATAQUIRA SARMIENTO

PAYS : FRANCE, BELGIQUE

DURÉE : 92 MINUTES

SORTIE : LE 1er NOVEMBRE


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