
Gimmicks décalés inspirés de l’univers du jeu vidéo, montages trépidants et cadrages envolés, voilà ce à quoi s’étaient essayés le duo Adil El Arbi et Bilall Fallah dans le premier Patser, un carton en Flandre (plus de 360.000 entrées) qui n’a que peu traversé la frontière linguistique.
Entre-temps, le duo belge aux commandes de l’étonnant Black (2015) s’est envolé outre-Atlantique pour piloter les deux derniers opus de la saga Bad Boys, tout en insufflant leur univers à la pétillante série Miss Marvel et au tristement annulé Batgirl. Et le tout, avec le luxe d’un aller-retour belge en 2022 pour signer Rebel, proposition de cinéma aussi surprenante qu’intéressante. Pour Adil et Bilall, revenir à leurs Patsers, ce quatuor de jeunes anversois trempant bon gré mal gré dans le trafic de cocaïne qui gangrène la ville portuaire, c’est donc revenir à ce qui a fait leur succès en Flandre avant de leur ouvrir les portes d’Hollywood : un cinéma belge très pop, bourré d’influences visuelles et de références. Un cinéma qu’on savoure façon popcorn alors même qu’il nous plonge dans les bas-fonds poisseux de la Belgique criminelle, remplis de personnalités flamboyantes à la morale douteuse.

C’est en tout cas ce que l’on était en droit d’espérer, au regard d’un premier volet bien ficelé. Mais force est de constater que cette fois, la sauce n’a pas pris. Et c’est fort dommage, car les moments de flamboyance ne manquent pas, de même que les belles idées de mise en scène, ou les montages ultra-cadencés décryptant les plans rocambolesques d’Adamo (Matteo Simoni) qu’on croirait sortis d’un Ocean’s Eleven sous ecstasy. Là où Patsers pêche, c’est dans son propos, qu’il nous semble encore difficile aujourd’hui de réellement cerner. Alors que son prédécesseur assumait la dynamique d’un récit de gangsters à la manière des Affranchis, glorifiant ses protagonistes pour finalement mieux questionner ce que rapporte réellement le crime, cette nouvelle mouture rebat les cartes sans réelles motivations. Pour un résultat, par opposition à son style vibrant, thématiquement très terne.
Réalisé par Adil El Arbi et Bilall Fallah (Belgique,122 minutes) avec Matteo Simoni, Nora Gharib, Saïd Boumazoughe, Junes Lazaar