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Critique : Evil Dead Rise, de Lee Cronin

Les dents de la mère

© Warner

Voilà maintenant quarante-deux ans que Sam Raimi est parti tourner le premier Evil Dead dans les bois, simplement muni d’une caméra, de 350.000 dollars et d’une sérieuse envie de cinéma. Depuis, tout a changé : le cinéaste a touché les plus hautes sphères d’Hollywood en réalisant Spider-Man et Doctor Strange 2, Bruce Campbell est devenu une figure incontournable de la série B et le petit film d’horreur fauché s’est transformé en une franchise lucrative désormais composée de cinq opus, de plusieurs jeux vidéos et d’une série TV. Pourtant, en 2023, on peut se poser la question : existe-t-il encore une place pour les délires sanglants et régressifs qui ont fait les beaux jours de la saga ?


La première idée d’Evil Dead Rise est d’évacuer le décor-phare de la licence : ici, il n’y a plus de cabane perdue au fond des bois mais un immeuble décrépi et à demi-inoccupé, bientôt rasé par la ville. Même chose pour la sempiternelle bande d’adolescents, remplacée par une famille relativement unie face à l’adversité. Des changements finalement moins impactants que prévus car, très vite, Evil Dead reprend ses droits : un livre démoniaque, une incantation malvenue, et c’est le petit jeu macabre des possessions et des tortures qui recommence. N’y allons pas par quatre chemins : ce cinquième opus réalisé par le nouveau venu Lee Cronin ne révolutionne pas grand-chose. De quoi bouder son plaisir ? Heureusement, non.


Moins inventif que les classiques de Sam Raimi, Rise demeure porté par un authentique savoir-faire dans l’horreur : Cronin manie sa caméra comme un lance-flamme et livre un carnage gore qui conserve miraculeusement l’esprit goguenard de la saga. Evil Dead Rise se savoure donc comme un train-fantôme aussi cruel que référencé. Certains plans audacieux évoquent De Palma, d’autres s’amusent à singer les premiers opus, tandis que le dernier acte plonge à pieds joints dans un body-horror monstrueux. Alors que le cinéma d’horreur actuel semble coincé entre des resucées pataudes des slashers d’autrefois - les récents Scream VI et Halloween Ends - et une elevated-horror stimulante mais parfois un brin chichiteuse - The Witch, Midsommar - soulignons le plaisir simple de ce Evil Dead Rise, dont la générosité salissante et le mauvais esprit nous ramènent aux séries B poisseuses du début des années 2000.



RÉALISÉ PAR : LEE CRONIN

AVEC : ALYSSA SUTHERLAND, LILY SULLIVAN, GABRIELLE ECHOLS

PAYS : ÉTATS-UNIS

DURÉE : 97 MINUTES

SORTIE : LE 19 AVRIL


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