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Critique : La jeune fille et les paysans de Dorota Kobiela et Hugh Welchman

Camille Wernaers

La fabrique des sorcières

© Breakthrufilm - Malgorzata Kuznik

En 2017, La Passion Van Gogh avait constitué une bombe visuelle dans le milieu du cinéma. Imaginé par Dorota Kobiela et Hugh Welchman, le film utilisait pour la première fois une technique d’animation tout à fait singulière. Chacun des plans du film avait d’abord été tourné avec des acteurs et actrices en prises de vues réelles, avant d’être peint à l’huile. Avec les jeux de couleurs et d’ombres qui se meuvent sur les visages et le décor, le long-métrage faisait écho aux toiles du peintre. 


Le duo remet le couvert avec La jeune fille et les paysans, en poussant leur technique à un autre niveau. Le couple s’est tourné vers un classique de la littérature en Pologne, Les paysans, de l’auteur Władysław Reymont, prix Nobel de littérature en 1924. Le récit suit le parcours de Jagna, une jeune femme éprise de liberté vivant dans un petit village polonais du 19e siècle, déchirée entre son mariage avec un riche paysan et sa relation amoureuse avec le fils de son mari. La technique d’animation choisie permet de faire honneur à ce passage de la littérature au cinéma. L’auteur décrit longuement les personnages ou les paysages pittoresques dans son livre. Certaines scènes du film sont d’ailleurs directement inspirées par des peintres polonais du 19e et 20e siècle.  Sous le pinceau des artistes, les visages se chargent d’émotions, la nature vibre au rythme des saisons, les animaux et les traditions du village prennent vie. Particulièrement prégnantes, les scènes de danses nous plongent directement en plein cœur de l’action, soutenues par l’adaptation de chansons traditionnelles polonaises. 


Quant à l’histoire, elle ne rempile pas les clichés bucoliques sur la vie à la campagne mais prend plutôt la forme d’une dénonciation des injonctions qui pèsent sur les femmes et des conséquences de la recherche d’un bouc émissaire dans des communautés si fermées. De quoi mieux comprendre notre passé collectif et comment des femmes ont fini par être appelées « sorcières ». 


RÉALISÉ PAR : DOROTA KOBIELA ET HUGH WELCHMAN

AVEC : KAMILA URZĘDOWSKA, ROBERT GULACZYK, MIROSŁAW BAKA

PAYS : POLOGNE

DURÉE : 115 MINUTES

SORTIE : LE 28 FÉVRIER

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