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Critique : La Ligne, d'Ursula Meier

À nos fractures


© Cinéart

La Ligne tangue dans une tension constante entre violence et tendresse. La violence est partout distillée, parfois maquillée par la douceur de quelques gestes, de la musique. Dans ce long-métrage, Ursula Meier (Home, L'Enfant d'en haut) explore les liens familiaux explosifs et leur fébrilité, sans qu’on ne comprenne au départ, l’origine de la souffrance.


Margaret (Stéphanie Blanchoud) fait l’objet d’une mesure d’éloignement après avoir frappé sa mère (Valéria Bruni-Tedeschi). Ce geste semble avoir provoqué la fracture familiale qui se matérialise dans cette distance de cent mètres à respecter. D’abord invisible, elle se concrétise ensuite par une ligne bleue tracée à travers le jardin et la route, traversant l’herbe et les gravats. Pourtant la jeune femme n’a de cesse de revenir auprès des siens comme par peur d’une excommunion sans retour, en quête permanente du lien rompu. Sous un visage tuméfié de bagarreuse ingérable, Stéphanie Blanchoud nous laisse pénétrer la fragilité d’une femme pleine de blessures.


On découvre les dysfonctionnements familiaux, la folie d’une mère narcissique, incapable d’aimer autre chose que le piano qui trône dans le salon. Entre les deux, les sœurs (India Hair et Elli Spagnolo) prises dans un conflit de loyauté, se creusent des issues. Les personnages sont incroyables dans ce tableau des névroses qui rongent, de ces adultes comme atrophiés quelque part. Mais tout est froid, y compris cette caméra qui soutient ces regards de gens perdus ou impuissants, ces rictus qui cachent tant de choses. Le visage de Valéria Bruni-Tedeschi est un monologue à lui seul, révélant à nouveau le talent de l’actrice.


Ursula Meier et Stéphanie Blanchoud (co-scénariste du film) plantent ce drame familial dans le décor hétéroclite d’une vallée paisible, entre HLM, montagnes, marinas et maisons de pêcheurs. La neige qui reflète le soleil, symbolise un peu ce mélange de violence et de douceur qui se dégage de ces liens familiaux. On ne peut être que touché par ces adultes qui ne parviennent pas à se rencontrer mais sont inextricablement liés par des cordes invisibles, des notes, une ligne bleue. Un drame poignant.


RÉALISÉ PAR : URSULA MEIER

AVEC : STÉPHANIE BLANCHOUD, VALERIA BRUNI TEDESCHI, BENJAMIN BIOLAY, ELLI SPAGNOLO

PAYS : BELGIQUE/FRANCE

DURÉE : 101 MINUTES

SORTIE : LE 1ER FÉVRIER




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