Le pouvoir de la jeunesse
Bucarest, automne 1972. En pleine guerre froide, le régime du leader communiste Nicolae Ceaușescu se muscle encore un peu plus et la répression se renforce. Ana (Mara Bugarin) a 17 ans. Elle rêve de liberté, et de sa première fois avec Sorin (Şerban Lazarovici). Dans la scène introductive, pas un mot n’est échangé, Sorin retrouve Ana et ils s’échangent de longs regards, comme les amoureux savent si bien faire, des regards qui se muent en larmes. C’est justement par les yeux d’Ana que le réalisateur roumain Alexandru Belc nous immerge dans cette période troublée avec son premier film de fiction, Radio Metronom.
Un titre faisant référence à une émission clandestine de radio Free Europe qui diffusait du rock illégalement en Roumanie. Lors d’une soirée, longuement filmée par une caméra qui virevolte à la suite des personnages et avec de la musique live (et non ajoutée ensuite au montage), les corps se rapprochent, les langues se délient. Les jeunes racontent des blagues critiquant le régime et, grâce à l’émission, se déhanchent au son des Doors ou de Jimi Hendrix. Ils en profitent pour écrire une lettre à l’émission, détaillant la répression du régime. Lorsque cette lettre tombe dans les mains de la redoutable Securitate, la police secrète roumaine, le film prend une autre tournure et montre les pressions et les violences policières, à la manière du film polonais Leave No Traces (2021). Alexandru Belc explique avoir voulu donner un aspect documentaire à son récit.
Radio Metronom aborde la question du pouvoir politique de la jeunesse et celui de la musique, toutes deux réprimées dans la plupart des régimes autoritaires. Des luttes du passé qui se rejouent au cinéma, faisant échos à des luttes actuelles, comme celles des femmes en Iran ou en Afghanistan.
RÉALISÉ PAR : ALEXANDRU BELC
AVEC :MARA BUGARIN, ŞERBAN LAZAROVICI, VLAD IVANOV
DURÉE : 93 MINUTES
SORTIE : LE 15 FÉVRIER
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