Festen : la ressortie culte et trash à ne pas manquer
- Quentin Moyon
- il y a 3 jours
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Tout avait pourtant bien commencé. Pour célébrer les 60 ans du père de famille, Helge Klingenfelt (Henning Moritzen), une fête - littéralement festen - est organisée dans le domaine familial. Au fur et à mesure, ses enfants, Christian (Ulrich Thomsen), Michael (Thomas Bo Larsen) et Hélène (Paprika Steen) se joignent au bal. Mais quelqu’un manque à l’appel : la jumelle de Christian qui s’est suicidée, il y a de cela quelques semaines. Ce qui n’empêche pas les convives de se délecter avec avidité des mets présentés. C’était sans compter sur Christian qui, une fois le banquet bien entamé et son discours d’hommage à sa soeur disparue initié, jette un pavé dans la mare : son père est coupable d’inceste, le tabou ultime.
Si, à l’époque, certains pontes du secteurs cinématographiques ont essayé de lui faire troquer l’inceste par le sida, sujet semble-t-il plus consensuel, Thomas Vinterberg s’accroche à son idée : le cadavre dans le placard est une thématique plus qu’universelle qui ne manquera pas de faire réagir tout un chacun. Mission accomplie : le film à petit budget a autant de succès qu’il ne cause de traumatismes.

Cru, réaliste et brut, ce huis clos l’est aussi dans sa forme. Il faut dire que l'œuvre répond aux règles établies dans le manifeste du Dogme95, un mouvement que le cinéaste a cofondé avec Lars Von Trier et qui vise à mettre au goût du jour un cinéma-vérité où l’artifice et le trucage n’ont pas leur place. Le film a d’ailleurs tout autant remué les non-dits familiaux que nos habitudes de cinéphiles : Festen tremblote, dérive, expérimente. Tourné avec une des pires caméras digitales du marché, d’une manière faussement amateure, c’est un ovni qui traduit le malaise de ses protagonistes par son esthétique. Un brûlot toujours d’une grande justesse à l’époque du #MeTooInceste.
Réalisé par Thomas Vinterberg (Danemark, 105 minutes) avec Ulrich Thomsen, Henning Moritzen, Paprika Steen