top of page

Cannes 2025 : on a vu la Palme d'or Un Simple Accident

Dernière mise à jour : il y a 6 jours

Un Simple accident de Jafar Panahi
© Festival de Cannes

Premier long-métrage réalisé par Jafar Panahi depuis son emprisonnement pour propagande contre le régime iranien, Un simple accident est un cri de colère adressé à la République islamique dans lequel le cinéaste questionne la justice, la moralité et la frontière entre les bourreaux et les victimes. Acte de résistance, thriller politique et fiction-témoin critique de l'Iran contemporain, Un simple accident possède toutes les qualités pour figurer en haut du palmarès cannois. 


Un soir, Eghbal, un père de famille écrase un chien par accident au volant de sa voiture. Alors qu'il s'arrête dans un garage pour réparer son véhicule, Vahid (Vahid Mobasseri), l'un des mécanos, croit le reconnaître en l'entendant boîter. Le lendemain, Vahid suit et enlève

Eghbal qu'il pense être "La Guibole", le tortionnaire qui l'a torturé en prison des années auparavant. Pris dans un engrenage entourant  l'identité de son otage, Vahid se lance dans un périple infernal, teinté de burlesque, en quête de réparation. 


Filmé dans la clandestinité avec une économie de moyens admirable, Un simple accident épouse ses contraintes pour tirer son épure vers un trouble et une tension redoutables. Puissance du cadrage, force suggestive du hors champ (notamment sonore et de la parole), gestion de l'espace en huis clos (la boîte du van comme tombeau) et codes théâtraux rocambolesques sont, entre autres, convoqués pour brosser le portrait d'une époque meurtrie et traumatisée par la brutalité d'Etat et gangrenée par la corruption. Cette dernière s'incarne dans des scènes où le dramatique côtoie l'absurde, preuves d'un mal si profondément installé dans la société qu'il en devient dramatiquement grotesque. 


Scénariste et dialoguiste toujours aussi affûté, Jafar Panahi déroule implacablement un récit qui fonctionne à la fois comme un pamphlet (contre la dictature des Mollahs), une fable humaniste et un geste de révolte au nom des libertés individuelles. En posant un dilemme moral basique, à savoir pardonner pour avancer malgré les séquelles ou se venger au prix de son intégrité, Un simple accident interroge le cycle sans fin de la violence et se refuse à imposer une réponse unidimensionnelle. A ce titre, la fin, terrifiante de suggestion, est l'un des moments de cinéma les plus forts vus au cours de ces deux semaines de festival. Et, au sein d'une Compétition qui n'a pas eu la main légère sur les effets ostentatoires, l'intensité minimaliste d'Un simple accident fait beaucoup de bien !



bottom of page