Good One : une randonnée sous tension
- Camille Wernaers
- il y a 15 heures
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À en croire certaines critiques déçues, il ne se passerait pas grand-chose dans Good One, premier long métrage de la réalisatrice américaine India Donaldson. Pourtant, le film est passionnant dans ses enjeux, éclairant d'un jour nouveau le fameux débat qui a beaucoup fait parler de lui sur les réseaux sociaux : pourquoi les femmes préfèrent-elles se trouver face à un ours plutôt que face à un homme dans une forêt ? Pour explorer ces question, la réalisatrice nous convie à une randonnée, en suivant Sam, 17 ans (brillante Lily Collias, dont c’est le premier rôle), qui part en week-end dans les montagnes avec son père (James LeGros), et un ami de celui-ci (Danny McCarthy). Si d’autres films de randonnée ont présenté la marche comme un moyen de se (re)trouver (citons par exemple Wild de Jean-Marc Vallée avec Reese Witherspoon), dans Good One, les seules choses que Sam trouve sur son chemin sont le sexisme larvé et la condescendance.

Curieux mélange de huis-clos et de road movie, le film fait progressivement monter la tension, à coup de longs silences et de conversations encore plus longues pour Sam, dont le visage traduit un malaise grandissant. Il illustre aussi comment les femmes sont amenées à prendre soin des autres, et la charge mentale qui en découle. La paternité et un certain type d’amitié entre hommes, toujours à la limite de l’agressivité, sont aussi abordées de manière fine. Le cadre forestier, baigné d'une lumière naturelle, est plus qu'un simple décor. India Donaldson a expliqué avoir voulu créer un sentiment de claustrophobie qui contraste avec les grands espaces dans lequel se déroule l’histoire, certains passages prenant d’ailleurs un tour plus contemplatif. Good One n’est pas un film d’action, le plus important ici se joue dans les non-dits.
Réalisé par India Donaldson (États-Unis, 89 minutes) avec Lily Collias, James Le Gros, Danny McCarthy