Hot Milk : un premier film volontairement ennuyant?
- Quentin Moyon
- 15 juil.
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 22 juil.

Soleil de plomb. Doux roulis des vagues. Torpeur estivale. À première vue, l’escapade espagnole de Sofia (Emma Mackey) et de sa mère Rose (Fiona Shaw), deux Anglaises isolées à Almeria, ressemble fort à des vacances. Mais très vite, le premier film réalisé par la scénariste britannique Rebecca Lenkiewicz, adapté de l'œuvre de Deborah Levy, se fait plutôt vacance, attente, remplie d’incertitudes.
Expatriée pour rencontrer le décrié docteur Gómez susceptible de trouver un remède au mal qui ronge Rose et qui l’empêche de marcher, Sofia va, loin de la grisaille anglaise, peu à peu se libérer de l’emprise de sa mère qui l’handicape. Cette émancipation prendra le visage d’Ingrid (Vicky Krieps), une Allemande aventureuse et ouverte d’esprit, étrangère au monde de contraintes auquel Sofia a été habituée. Mais aussi celui du médecin qui la poussera doucement à reprendre contact avec un père perdu de vue depuis 11 ans.
Fidèle à la narration du livre de Deborah Levy et en accord avec les obsessions de sa romancière - entre carpe diem et voyage intérieur - la cinéaste poursuit son introspection des personnages féminins. Et plus encore de l’amour féminin, filial ou charnel.

Porté par un trio d’actrices brillantes, le film peine pourtant à soulever les passions. Manque de sensualité, d’empathie, on traverse le film platement, comme écrasé par ce soleil étouffant. Cette chape de plomb, renforcée par un habillage musical lancinant entrecoupé d’aboiements de chiens oppressant, s’avère pourtant volontaire. C’est une expérience de l’ennui et de l’abandon face à une mère toquée et possessive que nous propose Rebecca Lenkiewicz. De l’absence aussi, en écho à un père qui a depuis longtemps disparu. Certes Hot Milk n’a rien de réjouissant, bien loin de la quiétude estivale, mais il en dit sans doute long sur la perte de sens de ses personnages et sur la quête perdue d’avance de l’existence.
Réalisé par Rebecca Lenkiewicz (Royaume-Uni, 122 minutes) avec Emma Mackey, Fiona Shaw, Vicky Krieps



