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Motel Destino : mauvais coup d'un soir

© Cherry Pickers
© Cherry Pickers

Pour sa deuxième sélection consécutive en Compétition officielle à Cannes, dont il est reparti bredouille, le cinéaste Karim Aïnouz quitte les palais britanniques du Jeu de la reine (2023) pour revenir sur la côte nord-est de son Brésil natal avec Motel Destino. Le décor est brûlant, constamment sous 30°C, propice aux débordements: un triangle amoureux se tisse entre un jeune fugitif, une tenancière de motel et son mari alcoolique, annonçant un thriller fiévreux et sensuel.


Visuellement, le travail de la directrice de la photographie Hélène Louvart (La Chimera, Disco Boy) fonctionne à merveille: stroboscopie oppressante, néons rouges agressifs et tonalité aride. Une atmosphère qu’épouse parfaitement la bande originale électro d’Amine Bouhafa (remarqué sur Le Sommet des Dieux et Timbuktu), insufflant une énergie aussi lancinante que brutale. Malheureusement, l’esthétique léchée du film ne suffit pas à masquer les limites d’un scénario qui tourne à vide.

© Cherry Pickers
© Cherry Pickers

Pensé comme un hommage aux néo-noirs et aux thrillers érotiques des années 90, Motel Destino en embrasse les codes sans jamais les réinventer. On se retrouve avec une écriture de personnages qui les condamne à incarner des archétypes plus qu’à exister pleinement, empêchant alors toute empathie du début à la fin. Le récit, lui, s’enlise dans des rebondissements timides et prévisibles, entraînant avec lui le rythme du film qui s'essouffle violemment pour ne reprendre de rares couleurs que dans un final expédié peinant réellement à lâcher les chevaux. 


Karim Aïnouz démarrait pourtant plutôt bien, mais son ennuyeux respect de ses aînés et la grande faiblesse de son scénario tuent d’emblée toute tension dramatique et sexuelle. Ni véritablement crade, ni franchement sexy, on ne tire finalement pas grand-chose de ces trop longues nuits prises au Motel Destino


Réalisé par Karim Aïnouz (Brésil, 112 minutes) avec Iago Xavier, Nataly Rocha, Fábio Assunção


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