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Rencontre avec l'équipe de BXL

Photo du rédacteur: Kévin GiraudKévin Giraud

Présenté au festival de Gand puis film d’ouverture du récent Cinemamed, BXL des frères Ish et Monir Ait Hamou arrive dans les salles le 22 janvier. Un premier film touchant, tourné entre les toits plats et les ruelles, dans une Bruxelles dont on reconnaît aisément la silhouette et les zones d’ombres. Rencontre avec les cinéastes et l’acteur Fouad Hajji qui incarne Tarek à l’écran.

BXL, de Ish & Monir Ait Hamou
© Jo Voets

C’est votre premier film en tant que réalisateurs, comment avez-vous abordé ce défi ?


Ish & Monir Ait Hamou : Lorsqu’on fait un film, il y a tant de choses qu’on a envie de raconter que le défi, c’est d’avoir une vision claire de pourquoi tu le fais. Dans notre cas, pour faire ce premier film tourné en 23 jours – ce qui est très peu – et avec de nombreuses séquences difficiles, c’était important pour nous parler de quelque chose que l’on connaissait très bien. Cela nous a permis, dans les moments de doutes ou de changements inattendus, de prendre nos décisions de manière plus facile. Traiter d’un sujet aussi lourd concernant une communauté, c’est une responsabilité. On ne compte plus le nombre de versions, de réécritures, mais c’est aussi une partie très intéressante du travail de création. Au fur et à mesure, nous avons découvert notre film, et notre cinéma. Mais dans notre tête, le film est toujours en écriture. 


Quelle est l’histoire que vous vouliez raconter en traitant de ce sujet ici à Bruxelles ?


La question que nous voulions nous poser, c’était celle des rêves. En Occident, et donc en nous-mêmes, on a cette philosophie de rêver grand, et d’encourager les gens à rêver grand tout le temps. Et par ce biais, on regarde souvent de haut ceux qui ne rêvent pas assez grand, ceux qui manquent d’ambition. Nous voulions interroger cette notion, et ce qu’elle implique. Est-ce possible de rêver trop grand ? Cela peut-il être quelque chose de nuisible à ceux qui ont ces rêves, s’ils n’ont pas l’environnement pour assumer une chute dans un certain confort économique, familial, mental ? 

BXL, de Monir & Ish Ait Hamou
© Jo Voets

Une chose est sûre, c’est que nous ne voulions pas d’un film noir et blanc.


Les gens, les êtres humains, la ville est complexe, et nous souhaitions que nos personnages soient eux aussi ambivalents. L’enseignante est souvent détestée par le public, et pourtant quand tu analyses ce qu’elle fait, elle ne dit rien de mal, c’est plutôt dans l’intonation, et dans les frustrations de Fouad que l’on ressent cette blessure. 


À l’écriture et par les dialogues, le racisme latent est néanmoins présent au travers de vos personnages…


On dirait plutôt inconscient. Il y a des gens qui sont racistes, mais on ne leur en veut pas, ils n’ont pas les outils en fait. Cette compassion, on l’a beaucoup parce qu’il faut prendre de la distance vis-à-vis de ces situations, par la force des choses. Notre fierté vis-à-vis du film, c’est qu’on a pris ce défi et qu’on l’a appliqué à nos personnages. Le tout, en insérant des petites couches cachées, des subtilités que la communauté marocaine de Bruxelles va pouvoir saisir, et qui va les toucher parce que ces personnes ont vécu la même chose.

© Jo Voets
© Jo Voets

Fouad Hajji, qu’est-ce qui vous a motivé à incarner Tarek à l’écran? 


Fouad Hajji : En tant qu’acteur ayant moi-même été travailler aux États-Unis pour poursuivre mon rêve, je suis Tarek en quelque sorte. Dans le film, il est très introverti, très passif. Mais dans son rêve, c’est totalement l’inverse, il a ce rôle et s’y donne au maximum. Et je me retrouve tout à fait dans cet aspect du personnage. J’aime donner de l’espoir aux jeunes, leur montrer qu’on peut atteindre ses rêves en se battant pour ceux-ci, malgré que ce film soit un drame. L’autre aspect qui m’a attiré vers ce rôle, c’est le personnage de Fouad. Ce qu’il vit, c’est exactement ma jeunesse, presque une copie conforme. Ce qui était important pour moi, c’était de communiquer avec ce film l’enfance que j’avais eu en tant qu’enfant issu de parents immigrés, dans une Belgique où c'était encore assez rare. C’est aussi ce qui m’a rapproché d’Ish et Monir, avec lesquels nous avons beaucoup échangé sur le script. Tourner ce film avec eux, à Bruxelles, fait par des Bruxellois·es, c’était une expérience incroyable.




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