top of page

Rencontre avec Vicky Krieps pour The Dead don't hurt

Révélée en 2017 dans Phantom Thread, l'actrice luxembourgeoise poursuit son parcours singulier dans The Dead Don't Hurt, dans lequel elle joue une femme en quête d’indépendance.


Les personnages que vous jouez, que ce soit dans Serre moi fort, Corsage ou The Dead Don't Hurt, semblent tous avoir un besoin impérieux d'échapper aux conditions qui leurs sont imposées. Est-ce que c'est quelque chose que vous cherchez activement dans vos rôles au cinéma ? 


Oui, mais ce n'est pas toujours conscient. Depuis toute petite, je suis choquée de voir à quel point je suis supposée faire certaines choses parce que je suis une fille. Je me demandais : « pourquoi est-ce que je n'ai pas le droit de faire telle ou telle chose ? ». Je n'ai peut-être pas envie de porter des robes ou du maquillage, pourquoi suis-je obligée ? Et ce n'est pas que j'ai envie de me révolter, c'est juste que je n'en ai pas envie ! C'est comme si on avait un peu moins le droit d'être juste humain. C'est à ça que je me suis accrochée pour ce rôle : la folie d'être libre quand on est une femme. Faire des choses, et s'en foutre de ce que ça va faire ! 


J'ai cru comprendre que vous ne portez pas Hollywood dans votre cœur. Même lorsque vous tournez en anglais, ce n'est généralement pas dans des films produits aux États-Unis. 


C'est très logique :  Hollywood ne donne pas d'argent aux films indépendants artistiques. C'est la vérité. Sinon, The Dead Don't Hurt aurait été tourné aux États-Unis. J'ai reçu des scénarios américains très faibles, des choses qui ne sont pas très complexes et pas très réfléchies. J'ai juste eu le courage, tout au début, de dire : « écoutez, merci beaucoup, mais ce n'est pas très intéressant ». C'est comme ça que je suis tombée sur la France, qui a évidemment un cinéma beaucoup plus vaste. 


Chaque metteur·se en scène a sa manière d'envisager la direction de ses interprètes. Pour ce film-ci, vous vous retrouvez sous la direction d'un réalisateur qui se trouve aussi être un acteur. Est-ce que c'est une expérience différente ? 


J'avais déjà eu ce genre d'expérience avec Mathieu Amalric [sur Serre-moi fort qu'il a réalisé, NDLR]. Les deux se ressemblent dans leurs approches. Ça aide d'être dirigée par quelqu'un qui est sensible à l'acteur. Et tous les deux m'ont laissé beaucoup de liberté. La différence c'est que Viggo a aussi joué dans le film. J'étais un peu confuse parfois : est-ce que c'est l'acteur qui me parle ou est-ce que c'est le réalisateur ? Mais j'aime bien être un peu perdue, ne pas savoir tout à fait où je suis, ne pas savoir exactement ce que les gens attendent de moi.


Votre personnage est francophone et d'origine canadienne. Comment êtes-vous parvenue à prendre un accent convaincant ? 


Il y a des moments où je me suis dit :« Putain, c'est dur,  je ne vais jamais y arriver». Et puis peu à peu, grâce à un coach, j'y suis parvenue. Viggo a insisté pour qu'il soit là tous les jours sur le tournage, et je crois que c'était la meilleure décision possible. Parce que même si on se prépare, quand on est émotionnelle et dans le moment, c'est dur. Il faut qu'il y ait quelqu'un qui soit là pour écouter, rectifier ce qu'on dit, comment on le prononce. C'était important pour Viggo que ce soit vraiment bien, qu'on essaie vraiment de notre mieux. Et les Canadiens à qui j'ai parlé m'ont dit que c'était convaincant. 


Est-ce que vous vous êtes inspirée de certains personnages féminins d'autres westerns pour ce rôle ?


Non. J'ai essayé de voir beaucoup de westerns, mais je n'ai pas trouvé de personnages féminins qui m'ont servi de modèle. Même lorsqu'il y a une femme libre, elle est toujours définie par sa féminité. Je voulais que le personnage que j'incarne soit avant tout humain






bottom of page