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Sally Bauer, à contre-courant : un plongeon réussi


Sally Bauer
© Momento Film

« Je nage ». C’est la réponse laconique que donne Sally Bauer à l’une des protagonistes du film, qui cherche à savoir comment elle fait pour tenir, coincée dans une école à fabriquer des bonnes ménagères. Dans son dernier long-métrage, la réalisatrice suédoise Frida Kempff se penche sur le parcours de cette nageuse longue distance, qui, en 1938, a traversé à la nage le détroit de Kattegat (entre la Suède et la Danemark) en 17 heures, explosant le record établi précédemment. Un an plus tard, 5 jours avant le début de la Deuxième Guerre mondiale, elle devient la première femme scandinave traverser la Manche. Une ambition et des exploits qui dérangent autant la société que sa propre famille, qui n’admettent pas qu’une femme, qui plus est mère célibataire, ose prendre des risques et défier des stéréotypes bien ancrés.


Dans le rôle principal, l’actrice Josefin Neldén parvient magnifiquement à retranscrire le sentiment de claustrophobie que ressent Sally Bauer face aux injonctions patriarcales qui s’accumulent. Les scènes en mer, au contraire, rendent compte de sa détermination dans sa quête de liberté.


Sally Bauer : à contre courant
© Momento Film

C'est lorsque je suis devenue mère que je suis devenue réalisatrice, mais j'étais « censée » rester à la maison et m'occuper de mon enfant, c’est comme si je ne pouvais pas faire les deux. C’est pour cette raison que j’ai trouvé cette histoire intéressante », explique la réalisatrice Frida Kempff dans le podcast The Nordic Film Talks. Une histoire qu’elle a découvert sur le tard car, malgré ses exploits sportifs, Sally Bauer est restée relativement peu connue en Suède. 


Son adaptation cinématographique n’a pas la forme d’un biopic classique : elle a décidé d’inclure des scènes fictionnelles et de faire résonner le film avec sa propre histoire, et celle d’innombrables autres femmes. Parmi ses références, on retrouve des films aussi différents que Rocky (pour les scènes de muscu) et Portrait de la jeune fille en feu (sûrement pour la prouesse de filmer une femme en maillot sans la sexualiser). Un grand écart (et un plongeon !) réussi. 


Réalisé par Frida Kempff (Suède, 120 minutes) avec Josefin Neldén, Mikkel Boe Folsgaard, Lisa Carlehed

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